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143 rue du désert

Réalisé par Hassen Ferhani

Documentaire – 2019-  Algérie, Françe, Qatar – 1h40 VOSTF

En plein désert algérien, dans son relais, une femme écrit son Histoire. Elle accueille, pour une cigarette, un café ou des oeufs, des routiers, des êtres en errances et des rêves… Elle s’appelle Malika.

A PROPOS DE 143, RUE DU DESERT

Il y a des femmes qui peuplent nos vies de spectateurs et Malika en fera résolument partie. L'héroïne du nouveau film d'Hassen Ferhani tient un café au bord de la Nationale 1 : La Transsaharienne, à 900 km au sud d'Alger, traverse le désert algérien jusqu'à la frontière du Niger. Voilà pour le décor.

143, Rue du désert est une sorte de road-movie immobile. Ce sont les kilomètres qui défilent en hors-champ. Dans son café minuscule aux ouvertures magiques, fenêtres sur un monde infini, Malika a les atours d'une héroïne de roman, ogresse malicieuse, magicienne emmitouflée, une femme seule, au milieu de nulle part avec un horizon balayé par la valse des camions qui filent sur la route du désert.

Le film porte en lui mille et une fictions. Par la poésie de ses images et la beauté des cadres, apparaît la puissance du hors champ, qui fait que l'imaginaire s'emballe. Un homme marche au loin le long d'une route battue par une tempête de sable, un camion passe à toute allure dans l'autre sens et mille fictions sont alors possibles.

Ce pourrait être aussi un western algérien, avec Malika en cousine lointaine de Joan Crawford dans Johnny Guitar. Car il faut en avoir du courage et du caractère pour tenir ce saloon. Pour accueillir les récits de tous ces hommes qui s'arrêtent, font une pause le temps d'un café, d'une omelette  - s'il reste des œufs- ou d'une cigarette. Des camionneurs, des migrants,  des Imams, des militaires, des touristes, qui viennent déposer des histoires du pays au creux de son oreille attentive. La seule femme qui traverse le film est une motarde Polonaise. Et Malika recadrera sitôt la Polonaise partie : un corps d'homme, un visage d'homme… La seule reine en son royaume, c'est elle !

Malika dit à l'un des routiers qu'on ne lui a pas laissé une place dans le monde, or le film dit tout le contraire. Il dit comment, en gardienne du vide, Malika révèle les contours de ce monde.

Peindre un détail pour évoquer le paysage, c'est ainsi qu'Hassen Ferhani s'attache à rester dans ce petit théâtre pour raconter cette femme et l'Algérie. On perçoit dans les récits l'épuisement, la lassitude d'un régime politique à bout. Ce pays au bord, comme ce café au bord, juste avant que les manifestations ne commencent – le film a été tourné en 2018. L'Algérie raconté par ce petit bout de la lorgnette, c'est parfois trois fois rien le cinéma ; 143, Rue du désert est un grand film.

Aurélia Barbet  - Cinéaste

Hassen Ferhani

Hassen Ferhani est né à Alger en 1986. De 2003 à 2008, il co anime le cinéclub de l'association chrysalide à Alger. En 2006, il réalise son premier film, un court-métrage de fiction « Les Baies d’Alger », sélectionné en compétition officielle par plusieurs festivals internationaux. En 2008, il participe à la formation d'été de la FEMIS et réalise dans ce cadre, un court documentaire “Le vol du 140”. Il coréalise, en 2010, un film documentaire « Afric Hotel ». "Tarzan, Don Quichotte et nous" réalisé en 2013 a été présenté à Visions du Réel et au FID Marseille ainsi que dans plusieurs festivals internationaux. "Dans ma tête un rond-point" a été son premier son premier long métrage.

2006 - LES BAIES D’ALGER - CM

2010 - AFRIC HOTEL - CM

2013 -TARZAN, DON QUICHOTTE ET NOUS - CM

2015 - DANS MA TETE UN ROND-POINT – LM

2019 – 143 RUE DU DESERT - LM

 

 

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