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Documentaires en compétition

Le festival propose pour la seconde année une compétition dédiée exclusivement aux films documentaires. Les quatre programmateurs ont eu la chance de visionner plus de 86 projets pour n’en retenir que 10, qui seront soumis à l’appréciation du jury présidé cette année encore par Anne Lainée. La compétition restreinte permet une meilleure lisibilité des projets avec l’ouverture à des formats plus courts. Les programmateurs proposent aussi deux films hors compétition qui ont su toucher par leur thématique.

Afrique, terre de tendances

Dimanche11 novembre à 18h. Petit Kursaal. • Réalisé par Max Court • France, 2012, 54 min, DV Cam.

Afrique, Terre de tendances

Qui peut dire à quoi ressemble la mode en Afrique ? Le Festival international de la mode africaine a été créé pour mettre en valeur les jeunes créateurs de tous les pays, au talent plus que prometteur. La preuve en images.

C'est à Niamey, la capitale du Niger, que se joue pour quelques jours le plus grand bal panafricain de la haute-couture et du prêt-à-porter : le Festival International de la Mode Africaine (FIMA). Cet événement unique a pour vocation de promouvoir les créations africaines.

Sortir des clichés, montrer les talents en devenir, révéler au monde la vraie vitalité du continent tout entier, tels étaient en 1998 les paris impossibles de celui qui deviendra le magicien du désert. Styliste nigérien et indéboulonnable optimiste, Alphadi lance au visage de la planète mode le concept du FIMA pour donner une envergure internationale au potentiel des pays du sud, échapper à l'immobilisme économique de l'Afrique et faire de Niamey la vitrine clinquante de la hautecouture africaine.

Au-delà de l'événement, ce documentaire montre la richesse créative du continent africain. Comment les grands noms de la haute-couture, comme Jean-Paul Gaultier et Yves Saint Laurent, s'en sont inspirés. Quelles sont les difficultés rencontrées par l'industrie africaine de la mode à émerger ?

Bon Baisers de la Colonie

Mercredi 14 novembre à 14h. Petit Kursaal. • Réalisé par Nathalie Borgers • Belgique/France, 2011, 74 min.

Bons Baisers de la Colonie

En 1926, Suzanne naît de l'union entre un administrateur territorial belge et une femme rwandaise. À l'époque, ces unions sont sanctionnées par le pouvoir colonial.

À l'âge de 4 ans, son père embarque Suzanne vers la Belgique pour qu'elle y reçoive une éducation européenne. Elle est ce qu'on appelle alors « une mulâtresse sauvée d'un destin nègre ».

Suzanne est ma tante. Son père est mon grand-père. Pourtant, je n'ai appris son existence qu'à 27 ans. Ce film vient rompre le silence qui a pesé sur ses origines, au croisement de l'histoire familiale et de l'Histoire coloniale.

Nathalie Borgers

Nathalie Borgers

Née en 1964, originaire de Bruxelles, Nathalie Borgers commence à travailler à la RTBF après des études de journalisme à l’ULB.

Elle s'installe à San Francisco en 1987 pour y continuer des études de réalisation. En 1989, elle gagne le prix de "Documentary Writing" décerné par la National Academy of Television Arts and Sciences. Elle devient productrice-exécutive et réalisatrice pour ATRIOM Productions, une société de production basée à San Francisco et spécialisée dans les documentaires à caractère social et socio-politique.

De retour en Europe, elle continue à réaliser des documentaires, notamment Vérité Assiégée (1994) sur la résistance de journalistes indépendants dans les guerres de l’ex-Yougoslavie, Greyhound, Aller simple (1998), un voyage avec les exclus du rêve américain, Le mal de soi (2000), une exploration du sens de la dépression, Krone, l’Autriche entre les lignes (2002), une immersion au sein du journal populiste autrichien Kronen Zeitung, Arrangements avec le destin (2005), le portrait de jeunes filles européennes d’origine turque confrontées au mariage arrangé ; Où sont les femmes ? Les Françaises et le politique (2006), une exploration du parlement en France, où les femmes restent minoritaires, Recherche Belgique désespérément (2008), un road movie dans une Belgique qui se divise ; Vents de sable, femmes de roc (2009), le récit d’une tradition portée par les femmes toubou dans le désert du Niger.

Demande à ton ombre

Dimanche11 novembre à 10h30. Petit Kursaal. • Réalisé par Lamine Ammar Khodja • France, 2012, 82 min.

Demande à ton ombre

C’est un « cahier de retour au pays natal » qui commence le 6 janvier 2011, date de déclenchement des émeutes populaires à Alger. Quand on revient après huit années d’absence, la question qui se pose est : comment trouver une place parmi les siens ? Mais le train est en marche et les questions existentielles vont s’entremêler avec l’actualité politique bouillonnante de la région.

Organisé chronologiquement, le film se raconte à la première personne et, tout comme le fameux Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire auquel le cinéaste rend hommage, il retrace les difficultés à retrouver sa place. Car ce cheminement n’est pas seulement affaire privée, mais l’occasion de revenir sur l’histoire récente de l’Algérie, au moment où celle-ci aurait pu prendre un nouveau tournant. C’est sur le ton de la comédie que le film avance, faisant preuve d’humour autant que d’ironie, en place du désespoir attendu. Mélangeant joyeusement les registres, s’amusant, libre et avec bien de la grâce, de l’outil cinématographique, revendiquant sa jeunesse frondeuse au nom de tous les jeunes laissés pour compte, ce premier long-métrage révèle à coup sûr un regard, une écriture : un cinéaste.

Lamine Ammar-Khodja

Demande à ton ombre

Lamine Ammar-Khodja est né à Alger en 1983, et a grandi dans sa banlieue, à Bab Ezzouar. Il aime les images et la littérature, mais la musique plus que tout. Il s’est dit que le cinéma pouvait rassembler tout ça. Après des études d’informatique, il passe du coq à l’âne en réalisant un triptyque de courts-métrages : Alger moins que zéro, ’56 Sud, Comment recadrer un hors-la-loi en tirant sur un fil. Son premier long métrage, Demande à ton ombre est sélectionné au FID Marseille 2012 et reçoit le Prix Premier.

 

Fallega 2011, Chandelles à la Kasbah

Lundi 12 novembre à 16h. Petit Kursaal. • Réalisé par Rafik Omrani • Tunisie, 2011, 52 min, DV PAL 16/9.

Fallega 2011, Chandelles à la Kasbah

Le film raconte l’histoire du premier sit-indu printemps arabe. Après le départ du dictateur Ben Ali, des jeunes de Menzel Bouzayane suivit d’autres de Sidi Bouzid, Rgueb, Meknessi et des quatre coins de la Tunisie font une marche vers la place du gouvernement à la Casba. Ils s’y installent pendant plus d’une semaine. Ils ont une exigence : dissoudre le gouvernement provisoire et élire une assemblée constituante. Après de multiples campagnes de désinformation, le gouvernement décide finalement d’évacuer les nouveaux Fellagas par la force.

Note d'intention

Par Rafik Omrani

Après le 14 janvier, l’urgence, n’était peut-être pas de filmer, mais d’agir en tant que citoyen. En effet, n’étant ni journaliste, ni un bloggeur, Il m’a fallu du temps et du recul pour que je puisse reconstituer ma conception de cette réalité révolutionnaire, d’élaborer un regard différent.

Un état d’inquiétude m’empêchait de m’inscrire dans un processus de captation superficielle du réel, de produire une image «consommable» de la révolution.

Le 23 janvier, des jeunes arrivés de l’intérieur tunisien, comme ça, sans garanties, se sont lancés dans cette manifestation pacifiste mais rude contre le système qui refuse de baisser les bras. Le contenu médiatique marqué par une vague de désinformation massive, a éveillé en moi le besoin de filmer. Cette envie magnifique de se lancer dans l’incertain, de se battre derrière sa caméra pour présenter une image qui va à contre-courant, de mener une réflexion sur ce qui se passe et sur mon rapport même aux événements.

C’est peut-être aussi un devoir de témoigner, de protéger notre futur du mensonge dans la présence d’une image fausse, diffusée, à ce moment là, par les médias institutionnels officiels. Le chemin de la liberté commence par être vrais, dire les choses telles qu’elles sont et avec justesse, par « vivre » et non « prétendre ». Telle était ma conviction.

Ayant cerné ce « pourquoi filmer », il était dès lors possible de se rapprocher davantage du sujet à filmer : le sit-in de la Kasba 1.

Le sit-in à la place du gouvernement après une marche de centaines de kilomètres à pied étant un acte militant qualitativement innovant, il nécessite une démarche documentaire tout aussi rebelle, audacieuse et impliquée.

Il s’agit de poser son propre regard sur un aspect de la réalité. La visée étant de faire voir au spectateur la vie des jeunes révolutionnaires, leur quotidien journalier dans le sit-in de la Kasba, leurs moments de gloire et de défaite, leurs rêves et leurs déceptions.

L’objectif est de leur donner la possibilité de s’exprimer. Une possibilité dont ils étaient souvent privés. Mais aussi de m’exprimer à mon tour, et de m’impliquer encore plus à travers deux types de voix-off. Ces deux voix instaurent un aspect polyphonique dans l’ambiance sonore du film, mais traduisent aussi mon hésitation, mon inquiétude, mon identité complexe de citoyen et réalisateur à la fois…

Quand à la caméra, c’est une caméra naturelle et spontanée. Le montage est à la fois désordonné, qui renvoie à la situation, mais permettant de raconter et d’interpréter les faits et les événements tout en gardant cet aspect complexe, ce mélange de faits et d’émotions.

J’essaye de traduire cette complexité du sujet à travers des images qui tentent de s’éloigner du « discours officiel » et « objectif » que mènent les télévisions. On est même sur un ton accusateur des fois. La tâche n’est certainement pas facile, en commençant par les choix esthétiques et narratifs et en arrivant aux contraintes du terrain. Mais l’aventure est séduisante.

Rafik Omrani

Rafik Omrani

Il est né en 1979, au Kef, ville du nord-ouest Tunisien. Titulaire d’un Master de recherche en Sciences et Techniques de l’Art à Institut Supérieur des Beaux Arts de Nabeul. Il a réalisé : Ali weld soltana court-métrage de fiction, La poule de sabaa court-métrage d’animation, Fallega 2011 est son premier film documentaire.

 

Françafrique

Samedi 10 novembre à 10h30 et à 14h00. Petit Kursaal. En présence du réalisateur. • Réalisateur Patrick Benquet • France, 2010, 2 x 80 min, Beta.

Françafrique

1re partie La Raison d’État - 2e partie L’Argent Roi.

Quand, en 1960, les quatorze colonies françaises d’Afrique noire deviennent indépendantes, le général De Gaulle confie à Jacques Foccart la mise en place d’un système qui vise à garder, par tous les moyens légaux et illégaux, le contrôle de nos anciennes colonies dont les matières premières et le pétrole en particulier, sont vitales pour la France. Ce système va s’appeler la Françafrique.

Pour la première fois, dans ces deux films de 80 minutes, des hommes en charge des plus hautes responsabilités officielles ou officieuse durant ces cinquante dernières années, révèlent une histoire et un monde secrets où en dehors de tout contrôle parlementaire ou gouvernemental, tous les coups sont permis pour maintenir au pouvoir des chefs d’État africains dévoués à la France.

Un monde de services secrets et de barbouzes ou des sommes d’argent colossales irriguent clandestinement des réseaux d’enrichissement personnel et de financements de partis politiques.

50 ans plus tard ce système perdure. Mais la « raison d’État » chère au Général De Gaulle a cédé la place au triomphe sarkozien de « l’argent roi ».

Patrice Benquet

Patrick Benquet

Patrice Benquet est titulaire d’une maitrise de droit public.

Il a été journaliste (Libération et Le Monde) avant de passer aux documentaires en temps que co-scénariste puis réalisateur, dans un premier temps pour des petites fictions de 26 min et des fictions fantastiques pour France 3.

C’est à partir de 1991 qu’il se spécialise dans la réalisation de documentaires pointus et exigeants, dénonçant, entre autre, la corruption et la France-Afrique. Ses documentaires ont été sélectionnés et primés dans de nombreux festivals.

Patrice Benquet a été Membre du Conseil d’administration de la Scam et président de la Commission Télévision de juin 2005 à juin 2009.

Filmographe sélective :

  • La Guerre perdue du Vatican - 2012
  • Françafrique : 1) La raison d’État – 2) Le pouvoir de l’argent – 2010
  • Libération, je t’aime moi non plus
  • L’aventure MSF : 1) De l’utopie à la réalité 2) Les insoumis
  • Menace pirate sur le détroit
  • Clémentine au pays des guérisseurs
  • Témoin X1
  • Silence on tue des enfants
  • Les parias de la mer
  • Quand la Vierge apparaît
  • Sale temps sur la planète : 1) les réfugiés du climat 2) La foire aux climats
  • Pour un dollar par jour
  • Les grands chantiers de François Mitterrand
  • Pétroliers de la honte, la loi du silence
  • Déserts en Europe: les apprentis sorciers
  • Retour au Bangladesh

Je suis Malien

Lundi 12 novembre à 14h. Petit Kursaal. • Réalisé par Soumaïla Diallo • France/Sénégal, 2012, 23 min.

« En quittant le Mali, j’étais loin d’imaginer que mon pays allait vivre un tel bouleversement, que des enfants du Mali allaient prendre les armes contre leur mère patrie ; loin d’imaginer que l’on pourrait me demander à quelle portion de point cardinal j’appartiens. Comment comprendre cela ? Mon pays traverse une crise sans précédent dans son histoire en tant que nation, mes interrogations intérieures me conduisent à partir à la rencontre des jeunes étudiants maliens de Saint Louis pour tenter de comprendre la crise militaro sécuritaire et politique du Mali.» Le film raconte la crise malienne vue par les jeunes maliens vivants la crise loin de leurs proches et familles.

Il constitue un moment de grandes discussions au sein de cette jeunesse malienne qui s’interroge sur le poids de son bulletin de vote, sur la fragilité de notre paix sociale et de notre démocratie depuis l’éclatement de la crise et tente de se positionner face au problème que connaît le pays.

Par les moyens du cinéma documentaire, je dénonce et interroge l’histoire de ma patrie traversée par l’ingérence de notre armée à la gestion du pays aux heures critiques de la vie de notre nation comme en 1968, 1991 et maintenant en 2012.

Télécharger le dossier de presse (PDF) »

Soumaïla Diallo

Soumaïla Diallo

 

Les Enchaînés

Lundi 12 novembre à 14h00. Petit Kursaal. • Réalisé par Alexis Duclos et Roger Motte • France, 2011, 26 min.

Les Enchaînés

Dans les villages d’Afrique de l’Ouest, les « fous » sont des parias. On les croit habités par le démon et les mauvais esprits. Pour parvenir à les « guérir » et pour que le village retrouve sa sérénité, leurs familles les enchaînent, parfois toute leur vie. Un homme, Grégoire Ahongbonon a décidé de libérer les enchaînés, de les soigner et de les aider à revenir à la vie.

Alexis Duclos

Alexis Duclos

Alexis Duclos a réalisé son premier reportage en 1980 sur le syndicat « Solidarnosc » en Pologne. En 1981, il devient photographe à Associated Press. Guerre civile à Beyrouth, émeutes en Tunisie, conflits en Afrique, faits divers, sports, politique, vie sociale, faits de société… Durant quatre années, il réalise plus de 2 500 reportages.

En 1985, il rejoint le staff prestigieux de l’agence Gamma. S’ouvre alors une période riche en voyages et en reportages de toutes natures qui feront d’Alexis Duclos l’un des photographes d’agence les plus polyvalents.

Famine en Afrique, Festival de Cannes, bouleversements en Europe de l’Est, Jeux Olympiques, crise économique, déforestation en Amérique du sud, mode, vie des entreprises, etc. « Rapporter des informations visuelles… » est la motivation principale d’Alexis Duclos qui réalise plusieurs sujets exclusifs, parfois difficiles à réaliser, comme les momies Ibalois aux Philippines, le mariage forcé des enfants en Inde, ou la condition des malades mentaux en Côte d’Ivoire, sujet récompensé par le « Fuji Film Press Awards » en 2002.

En 2004, il décide de quitter l’agence Gamma pour vivre une autre aventure, celle de l’indépendance. Son travail se tourne vers la photographie d’auteur, en particulier dans le domaine du portrait. Pour autant, il produit plusieurs sujets documentaires en 2005, dont les conséquences de L’agent Orange au Vietnam, 30 ans après la fin de la guerre, ou Les médicaments de la mer, sujet scientifique à propos des nouvelles molécules des océans.

Comme cameraman, il travaille sur un film documentaire pour la télévision Canadienne, CBC (Canadian Broadcasting Corporation) au Sud Soudan The Man who could be King. Ce film, à l’initiative d’Alexis, L’homme qui pouvait être Roi est un documentaire de 52 minutes, tourné pour CBC et National Geographic en 2007. Ce film sera nominé pour deux « Gemini Awards » au Canada, pour meilleur documentaire social et politique et meilleur script. Histoire très forte qui raconte le périple d’un réfugié Soudanais installé au Canada, qui hérite soudainement de la couronne de son père, Roi de la tribu des Anyuaks au Sud Soudan.

Depuis 2007, Alexis s’investit exclusivement dans le reportage TV. Comme cameraman, il travaille régulièrement avec la chaine de télévision américaine NBC. Il film aussi pour les grands networks comme CNBC, CBS ou la télévision publique PBS. Il est pigiste pour APTN (Associated Press télévision Network).

En 2011, il écrit, filme et réalise un documentaire de 26 minutes pour France O (France télévision). Les enchaînés, film sur les malades mentaux en afrique de l’ouest réalisé à partir de son reportage photographique en 2002, primé à de nombreuses reprises (Programmation 23 mai 2012 dans le cadre de l’émission Planète investigation sur France O). Réalisateur du film Les Enchaînés, film sur les malades mentaux en Afrique de l’ouest réalisé à partir de son reportage photographique en 2002. Primé à de nombreuses reprises.

Roger Motte

Roger Motte

 

Le Thé ou l’Électricité

Mardi 13 novembre à 14h. Petit Kursaal. • Réalisé par Jérôme Le Maire • Belgique/France/Maroc, 2012, 93 min, Beta.

Le Thé ou l’Électricité

Ifri est un petit village perdu et enclavé au fin fond du Haut Atlas marocain. Pas de route ni de piste, pas d’école, pas de téléphone, pas d’eau courante, pas de poste, pas de police, pas d’hôpital et pas… d’électricité non plus. Rien que quelques noyers au milieu de champs accrochés à la montagne et trois cents habitants qui les cultivent de façon ancestrale. Dans ce huis-clos, rien ne semble avoir bougé depuis des siècles. Le temps paraît suspendu. Et pourtant, un jour débarque dans le village une équipe de l’Office National de l’Électricité qui vient fièrement annoncer à Ifri de grands changements : l’arrivée prochaine de l’électricité ! Mais les villageois ne veulent pas de cette « nouveauté » qu’ils ne sauraient d’ailleurs pas se payer. Ils veulent une route, le cordon ombilical vital sans lequel ils seront toujours dans un état de survie. Ils ne le savent pas encore (et le spectateur s’en rendra doucement compte), mais Ifri est déjà soumis à l’impitoyable loi de l’offre et de la demande. Suivant l’histoire épique de cette petite communauté durant plus de trois années, saison après saison, le réalisateur dévoile patiemment les contours de la toile qui se refermera inexorablement sur les habitants d’Ifri. Sous nos yeux se dessine le visage d’une implacable modernité, à laquelle le petit village va être relié.

Jérôme Le Maire

Jérôme Lemaire

Réalisateur, scénariste, caméraman, né le 26/06/69.

Après une formation d’études de réalisation à l’Institut des Arts de Diffusion (IAD) à Louvain-La-Neuve, en Belgique, et un stage de comédien avec Manu Bonmariage, à l'Académie d’Été, Neufchâteau, en Belgique, il a été assistant-réalisateur, puis réalisateur, de nombreux documentaires.

Actuellement il est aussi responsable de différents travaux pratiques à l’Institut des Arts de Diffusion (IAD).

 

Filmographie sélective

  • 2012 : Le Thé ou l’électricité, long-métrage documentaire ;
  • 2011 : Le Grand’Tour, long métrage fiction-documentaire ;
  • 2007 : Où est l’amour dans la palmeraie ?, long métrage documentaire ;
  • 2004 : Un jour, une vie, documentaire ;
  • 2003 : Volter ne m’intéresse pas, documentaire ;
  • 2002 : Où est le crocodile ? fiction ;
  • 2001 : Réalisation de 8 films de 26 min dans Le Belge été, un docu-soap diffusé en septembre et en août sur Canal+.

Mbëkk Mi, le souffle de l’océan

Mardi 13 novembre à 16h. Petit Kursaal. En présence du réalisateur. • Réalisé par Sophie Bachelier • France, 2012, Wolof STF, N&B, 54 min, 16/9 HD CAM

Mbëkk mi, deux mots wolof qui évoquent l’émigration clandestine. L’expression claque telles ces pirogues qui se cognent aux vagues de l’océan et se fracassent souvent au bout de leur errance.

Mais Mbëkk mi, c’est avant tout le refus de se résigner aux coups meurtriers du destin. Si ces jeunes Sénégalais dans la force de l’âge affrontent mille périls, c’est dans l’espoir d’une vie meilleure.

Mais que se passe-t-il de l’autre côté du désastre ? Les damnés de la mer laissent derrière eux des êtres chers. Des épouses. Des mères. Ce sont leurs voix singulières que l’on entend dans ce documentaire.

Dans l'intimité d’un face à face dépouillé, elles livrent une parole bouleversante de retenue.

Critiques

Jean-Marie Barbe, In États Généraux du Film Documentaire

Le filmage en noir et blanc, sobre et précis, de Sophie Bachelier fonctionne magnifiquement. Située à une distance juste, la cinéaste écoute des femmes sénégalaises raconter l’émigration clandestine.

Ce que l’on croit savoir sur la question disparaît, relevant du cliché, car ces paroles, mises bout à bout, dessinent une sorte de fresque, une mémoire du monde sublimée par le geste documentaire.

Sophie Bachelier

Afrique, Terre de tendances

Vidéaste et photographe, Sophie Bachelier s’intéresse depuis de nombreuses années à la façon dont l’histoire collective s’imbrique dans les destins singuliers et les transforme. Des îles Marquises au Sénégal en passant par l’Algérie, elle mène un travail sur la mémoire, l’errance, l’exil, la trace, qui privilégie la parole des personnes rencontrées, ou leur silence, sur le commentaire. Dans son dernier film, Mbëkk Mi, le souffle de l’océan (54 min, août 2012), tourné au Sénégal, les épouses, les mères, les sœurs, les grands-mères racontent, tour à tour, l’émigration clandestine vécue de l’autre côté du miroir, du côté de celles qui restent sur la rive.

Sur le même thème, paru en 2010 aux éditions VMCF : le livre Lentement / Slow (textes de Boubacar Boris Diop et Nando dalla Chiesa ; photographies Sophie Bachelier).

Namibie, le génocide du IIe Reich

Samedi 10 novembre à 16h. Petit Kursaal. • Réalisé par Anne Poiret • France, 2012, 52 min.

Entre 1904 et 1907, en Namibie – aux confins de l’Afrique Australe – pour la première fois, un état a planifié explicitement l’extermination de deux peuples : les Namas et les Héréros. L’Allemagne y a commis son premier génocide. Le premier du XXè siècle. Ce qui était alors le IIè Reich y a aussi expérimenté les camps de concentration et les « études » raciales. En toute impunité. Aujourd’hui, ils sont une poignée à lutter contre l’oubli. Depuis l’indépendance de la Namibie en 1990, les descendants des communautés Héréros et Namas se battent – désormais ouvertement – pour que l’Allemagne reconnaisse ce génocide-là. Les historiens, eux, débattent des concordances et des liens avec la Shoah.

Anne Poiret

Anne Poiret

 

Obalé le chasseur

Dimanche 11 novembre à 16h. Petit Kursaal. • Réalisé par Faissol F. Gnonlonfin • France/Bénin/Niger, 2012, 52 min.

À Kpakpa, au Bénin, être intronisé grand chasseur suppose d’avoir tué un grand animal. Mais la chasse n’est plus ce qu’elle était. La disparition des grands animaux menace l’équilibre général de la forêt. La rencontre d’Obalé, jeune chasseur, avec Noël protectionniste de la nature, amène une certaine prise de conscience des chasseurs alors partagés entre la tradition de la chasse et la protection de l’environnement. Comme tous les jeunes du village, Obalé a l’ambition de devenir un grand chasseur. Alors qu’il prépare son initiation aux pratiques secrètes de la confrérie et de la chasse, il va être confronté à certaines difficultés : Pourra-t-il atteindre son objectif sans transgresser les lois comme le font les braconniers ? Va-t-il collaborer avec les services de protection de la nature ? Le film est au cœur de l’affrontement de deux mondes qui, aujourd’hui, doivent cohabiter dans l’intérêt de la préservation des espèces.

Faissol F. Gnonlonfin

Faissol F. Gnonlonfin

 

Poly-Amour

Mercredi 14 novembre à 16h. Petit Kursaal. • Réalisé par Patoudem Ken Ervy • Cameroun, 2012, 52 min, Béta numérique.

Poly-Amour

Issu d’une famille polygamique de dix sept enfants, LEKOU JEAN AIME est élève en classe de troisième. Comme tous ses frères, il ne peut pas compter sur l’aide de son père pour s’assurer un avenir prospère. En fait, entre le nombre important de ses enfants et son revenu mensuel, ce dernier ne s’occupe exclusivement que de l’éducation de ces jeunes filles. Du coup, Lekou Aimé est obligé de se battre au quotidien pour financer ces études, se soigner, se vêtir et venir en aide à sa maman qui est la dernière des 2 femmes du harem.

Membre d’une famille régie par la loi du « chacun pour soi », le jeune garçon de vingt deux ans sait que sans un réel soutien parental, il a très peu de chance de réussir dans sa vie. Alors, il jongle entre élevage, agriculture et petit commerce pour financer ces études et ainsi espérer qu’un jour il aura un avenir brillant.

Grâce à son témoignage poignant, Lekou Jean dévoile les travers de la polygamie. Il nous plonge dans l’univers plein de mésaventures d’une famille polygamique. Et pour corroborer son point de vue, polygames, historien, anthropologue, sociologue, homme d’église et autorité administrative dressent un rapport assez significatif sur l’impact de la polygamie dans le développement social et économique d’un pays. Ils exposent les avantages et les inconvénients plutôt néfastes de ce régime matrimonial sur l’épanouissement de la femme et des enfants.

Critiques

Par Irene Raparison

Le Camerounais Ken Ervy Patoudem propose Poly-Amour, un documentaire fouillé sur le thème de la polygamie, statut marital répandu sur le continent africain. Évitant le procès autant que la promotion, le documentaire aborde avec une franchise et une argumentation solide les forces et les problèmes contemporains de la polygamie autant dans le domaine public que dans l’espace privé.

Ce documentaire aux multiples témoignages marque les esprits par sa richesse des propos. Diversifiées et surtout plurilatérales, les opinions permettent une véritable construction de la notion complexe qu’est la polygamie.

Ken Ervy Patoudem

Ken Ervy Patoudem

 

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