Films en compétition
Une compétition dominée cette année par la production marocaine avec 4 films. Nous irons a la rencontre de 6 pays avec des oeuvres rares, la plupart inédite à Besançon qui ne pourraient pas être vues sans la vigilance de l’équipe des programmateurs. Nous avons laissé la chance à trois premiers films qui nous ont séduits par leur audace. Les films cette année ne sont pas présentés en seconde séance. Une seule séance officielle pour le vote Coup de Cœur du Public.
Film Coup de Cœur du Public de Besançon
Rendez-vous dimanche 18 novembre à 16h au cinéma Victor Hugo pour la projection du film primé par le public. Tarif unique de la séance : 1 €.
Agadir-Bombay
Mardi 13 novembre à 18h. Petit Kursaal. En présence du réalisateur.
Réalisé par Myriam Bakir • Maroc, 2011, 80 min • Avec Noufissa Benchehida, Driss Roukh, Fatima Tihihit, Abdelatif Chaouki, Abdelatif Aatif, Rachida Agourame.
Imane, 14 ans, passionnée de comédies musicales indiennes, habite Taroudant, petite ville berbère du Sud du Maroc où elle se morfond. Se sentant incomprise et mal aimée de tous, elle rêve de vivre à Agadir. Grâce à sa voisine, la belle Leila, 25 ans, Imane peut enfin découvrir la ville de ses rêves.. Mais le rêve est de courte durée. Le séjour de l’adolescente à Agadir bascule dans une dure réalité, insoupçonnée, qui changera sa vision du monde…
Agadir Bombay a pour héroïne Imane (Siham Touzi), une jeune habitante de Taroudant enjouée et rêveuse. Dans sa petite ville, Imane s'ennuie et rêve grand. Elle trompe sa lassitude en regardant ses films préférés, les comédies musicales indiennes. Mais cela ne lui suffit plus, elle se sent retenue dans sa petite cité du Sud, les gens y sont trop simples, elle rêve d'ailleurs. Son souhait le plus cher : aller à Agadir, la belle ville côtière, brillante et pleine de vie, et si loin de ce quotidien monotone. L'occasion se présente sous la forme de Leïla (Noufissa Benchehida), belle jeune femme qui vit dans la station balnéaire. La mère de Leïla est la voisine d'Imane, et, lors d'une des visites de la jeune femme à sa famille, elle va proposer à l'adolescente de l'emmener voir la belle Agadir. Imane n'hésite pas et embarque vers un voyage qui va la mener du rêve à la désillusion. Sous son visage rieur et lumineux, Agadir cache de nombreux secrets dans ses ruelles. Imane va découvrir que les apparences sont trompeuses, et être entrainée dans le monde sans pitié de la prostitution. Traitant d'un sujet difficile tout en touches légères, Agadir Bombay reste une comédie. Par le filtre des yeux d'Imane, à travers sa naïveté et son insolence, les adultes cupides et véreux sont dédramatisés, mais le thème reste réaliste, et cette fable vivante et colorée lève en douceur et en simplicité le voile sur un des aspects les plus délicats de la société marocaine.
Myriam Bakir
Myriam Bakir est marocaine. Elle est née à Paris le 17 mai 1968, elle fait partie de la deuxième génération de cinéastes marocains. Elle a un style bien à elle au cinéma. Faire passer des messages, briser les tabous et mettre à nu les sentiments les plus profonds sur un ton de comédie et avec dérision : c’est là sa vocation première. Pour son premier film, Myriam Bakir a choisi le sujet épineux de la prostitution qu’elle a voulu traiter sous forme de comédie.
Questionnée à ce sujet, la réalisatrice semble intransigeante sur le fait que son film n’est pas un documentaire, ni un film éducatif et encore moins un film moralisateur. Pour elle, l’essentiel est de mettre en lumière une réalité qui existe bel et bien au sein de la société marocaine pour sensibiliser au maximum ceux qui mettent trop facilement le voile sur ce sujet. Une réalité tragique que la réalisatrice du film a voulu traiter sous l’angle de la comédie, pour permettre aux téléspectateurs de voir le film sans en être accablés. « Montrer dans un film le côté glauque d’un problème, c’est donner d’emblée au public des raisons pour le rejeter », souligne la réalisatrice.
Sélectionné en compétition officielle dans le cadre du Festival du film des femmes à Salé, Agadir-Bombay est le premier long métrage réalisé par Myriam Bakir.
Andalousie mon amour (الأندلس مونامور)
Samedi 10 novembre à 20h30. Petit Kursaal. Soirée d’ouverture en présence de Paulin F. Fodouop. Réalisé par Mohamed Nadif • Maroc, 2011, 86 min • Avec Youssef Britel, Mohamed Nadif, Mehdi Ouazzani, Asmâa El Hadrami, Hicham Mesbah, Mohamed Choubi, Yasmina Bennani, Ali Esmili, Rachid Mountasa, Paulin F. Fodououp, Mohamed Ouarradi.
Saïd et Amine, deux jeunes étudiants de Casablanca, rêvent d’Europe. Ils se retrouvent dans un petit village au nord du Maroc. Avec l’aide de l’instituteur, ils prennent une barque pour la côte européenne mais font naufrage. La mer rejette Amine sur la côte du village. Saïd échoue sur une plage espagnole. L’Andalousie semble bien étrange pour lui. Et Amine, dans son village marocain, observe des phénomènes bizarres…
Andalousie mon amour (الأندلس مونامور) est une comédie nous contant les aventures d’Amine (Ali Esmili) et Saïd (Youssef Britel), deux jeunes originaires de Casablanca. Dans leur ville côtière, la vie est difficile, et les deux amis rêvent d’ailleurs, plus précisément de l’Europe. Alors, comme tant d’autres avant eux, ils prennent la route du Nord vers un petit village du bord de la Méditerranée, à quelques encâblures de l’Espagne.
Leur plan est de prendre une barque afin de traverser le bras de mer et de rentrer clandestinement en Europe par les plages andalouses. Au village, ils font la rencontre de différents personnages hauts en couleur, dont le maire du village (Mehdi Ouazzani), personnage de fort caractère à la position bien affirmée, et surtout l’instituteur, incarné par Mohammed Nadif, harrag de cœur, qui ne rêve que de rejoindre la terre de ses ancêtres Maures dans les plaines d’Andalousie.
Avec son aide, Amine et Saïd vont prendre la mer à bord d’une barcasse censée les conduire à la terre de richesses à laquelle ils aspirent. Mais les choses ne vont pas se dérouler comme prévu, et un naufrage va séparer les deux amis. La mer rejettera Amine sur la côte du village qu’ils viennent de quitter, alors que le destin de Saïd l’entrainera sur les plages andalouses.
Mais, pour ce dernier, l’Espagne va se révéler bien différente de ce qu’il avait imaginé… Il atterrit dans un centre de transit étrange, où l’on cultive apparemment du cannabis, et où il va être mis au travail en échange de son passage. Amine, de son côté, va être témoin de phénomènes étranges vis-à-vis de la population du village. Tous deux vont finir par réaliser qu’ils sont victimes d’une escroquerie, et que l’Andalousie de leurs rêves est plus loin qu’ils ne l’imaginaient…
Mohamed Nadif
Mohamed Nadif a d'abord affûté ses armes au théâtre, en tant que comédien et metteur en scène, avant d'arriver au cinéma. Après l’Institut Supérieur d’Art Dramatique et d’Animation Culturelle à Rabat (spécialité interprétation), il prolonge sa formation à l’Université Paris-X où il obtient un diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) en Théâtre et Arts du spectacle.
Il a aussi tenu des rôles principaux dans plusieurs films et téléfilms.
Il a écrit et réalisé trois courts métrages : La jeune femme et l'ascenseur (2005 – 9 min), La jeune femme et l'Instit (2007 – 16 min) et La jeune femme et l'école (2009 – 10 min). Andalousie, mon amour ! est son premier long-métrage.
Critique
Par Fatima-Ezzahra Saâdane
Mohammed Nadif, voulait faire un film intelligent. C’est chose faite ! Le jeune réalisateur Mohamed Nadif, a réussi le pari de produire une comédie légère qui traite une problématique épineuse. Il s’agissait de passer sous la loupe la question de l’immigration clandestine. Dans ce film, Nadif s’éloigne de l’approche adoptée par les autres cinéastes qui ont déjà abordé la question. Il pratique plutôt une nouvelle démarche, un nouvel angle d’attaque.
Le film colle à la trajectoire de Saïd (Youssef Britel) et Amine (Ali Essmili), depuis le moment où ils décident de quitter leur Casablanca natale, pour le nord du royaume, jusqu’à celui où ils s’installent dans un petit village, afin de préparer leur passage d’une manière illégale vers l’autre rive de la Méditerranée. Dans un premier temps, les deux jeunes hommes font la rencontre du responsable de la gendarmerie de la région (Mohamed Choubi) et de l’instituteur du village (un personnage excentrique qui rêve de rejoindre l’Espagne, le pays de ses ancêtres mauresques, interprété par Mohamed Nadif). Vient ensuite la rencontre du puissant président de la commune (Mehdi El Ouazzani). Un tournant dans la vie des différents personnages. Avec l’aide de l’instituteur, les deux étudiants prennent une barque pour la côte européenne. Mais ils font naufrage. La mer rejette Amine sur la côte du village tandis que Saïd échoue sur une plage andalouse. Et puis, les deux amis, chacun de leur côté, observera d’étranges phénomènes… avant de se rendre compte qu’ils sont victimes d’une escroquerie odieuse. Ainsi, le cinéaste traite avec subtilité et humour un fléau aussi dérangeant que celui de l’immigration clandestine. Il prouve donc qu’il est toujours possible de s’attaquer à des problématiques sérieuses en optant pour la comédie et non pour le drame ou le mélodrame.
Il n’est pas donc facile de repérer des ressemblances avec ce premier film et ceux qui l’ont précédé. Les partis pris de mise en scène, l’histoire originale et les situations comiques qui arrivent facilement à arracher le sourire au spectateur semblent relever d’un code de bonne conduite du jeune cinéaste. Le jeu des acteurs fait partie également de ces ingrédients qui font de cette comédie un film intéressant, loin d’être ennuyeux. A la fois devant et derrière la caméra, Nadif, par exemple, offre une interprétation d’une justesse saisissante. Tourné dans plusieurs régions du maroc, notamment Casablanca, Tanger et Tétouan, ce film a été sélectionné dans la section « Coup de cœur » lors de la dernière édition du Festival de Marrakech. Il a remporté le prix de la première œuvre au festival de cinéma d’Oran. Andalousie, mon amour ! a été inscrit dans plusieurs festivals à travers le monde.
Après la bataille
Vendredi 16 novembre à 20h. Cinéma Victor Hugo. Réalisé par Yousry Nasrallah • France/Égypte, 2012, 122 min • Avec Mena Shalaby, Bassem Samra, Nahed El Sebaï.
Mahmoud est l’un des « cavaliers de la place Tahrir » qui, le 2 février 2011, manipulés par les services du régime de Moubarak, chargent les jeunes révolutionnaires. Tabassé, humilié, sans travail, ostracisé dans son quartier qui jouxte les Pyramides, Mahmoud et sa famille perdent pied… C’est à ce moment qu’il fait la connaissance de Reem, une jeune Égyptienne divorcée, moderne, laïque, qui travaille dans la publicité. Reem est militante révolutionnaire et vit dans les beaux quartiers. Leur rencontre transformera le cours de leurs vies…
À la manière de nombreux films militants, notamment ceux réalisés par Jean-Luc Godard à la suite de mai 68, Après la bataille est une fiction qui s'inspire de la réalité et du contact avec la population : « Nous avons travaillé sous l’influence des événements réels, en réagissant à ce qui se passait, mais aussi en faisant naître des situations, en mettant en place des ateliers de discussion entre l’équipe du film et les habitants de Nazlet El-Samman », explique le réalisateur. Cependant, désireux de ne pas faire de son film un documentaire, Yousry Nasrallah ajoute : « C’est une fiction, je le revendique (…) seule la fiction permet d’y voir un peu clair, de comprendre quelque chose. Elle oblige à réfléchir, et à aller dans la complexité des personnages, au-delà de ce que chacun déclame. »
Le cinéaste ne cache pas ses références, s'inspirant notamment des films de Roberto Rossellini : « La référence, pour moi, ce sont les premiers films de Rossellini, sa manière de raconter des faits historiques au présent, grâce à la fiction ». Ce qui intéresse le cinéaste égyptien dans les films de Rossellini, c'est le mélange entre l'Histoire et l'histoire : « Rome Ville Ouverte, Paisà, Allemagne Année Zéro, savent penser la dimension de la grande Histoire et la dimension personnelle en même temps, dans le temps même de l’événement, grâce à la fiction ». Yousry Nasrallah a donc cherché à être le plus proche des évènements de son pays : « Moi, ce qui m’avait bouleversé dans notre révolution, c’était ce slogan : "pain, liberté, dignité", qu’on a entendu chaque jour. »
Comment réussir à filmer une révolution en cours ? Yousry Nasrallah est allé chercher certains de ses plans au cœur même des manifestations égyptiennes. Le dispositif de cinéma classique, c'est-à-dire le tournage avec de grosses caméras en 35 mm, n'était donc pas adéquat : « Un tel film aurait été impossible en 35 mm, sinon je l’aurais fait. Les manifestations ont été tournées avec un Canon 5D. Et il y a aussi des plans avec une toute petite caméra. »
C'est un court métrage qui a donné naissance au film Après la bataille : Intérieur/Extérieur a été réalisé par Yousry Nasrallah dans le cadre du film collectif 18 jours. Ce film avait pour but de permettre à 10 cinéastes égyptiens d'exprimer leurs points de vue sur les évènements se déroulant dans leur pays. Quelques mois plus tard, Yousry Nasrallah poursuivait cette étude de la révolution égyptienne, mais cette fois, à travers un long-métrage.
En 20 ans de carrière, Yousry Nasrallah a présenté tous ses films dans les plus grands festivals de cinéma du monde, que ce soit à Locarno ou à Toronto, à Venise ou à Berlin, en passant bien sûr par le Festival de Cannes, où Après la bataille était en sélection officielle en 2012.
Le cinéaste et l'acteur qui interprète le premier rôle masculin du film se connaissent et travaillent ensemble depuis de nombreuses années : « J’ai rencontré Bassem Samra sur Le Caire raconté par Youssef Chahine, en 1991, il a joué depuis dans plusieurs de mes films, notamment À propos des garçons, des filles et du voile et La Ville où il tient le rôle principal. »
Yousry Nasrallah (يسرى نصر الله)
Yousry Nasrallah (يسرى نصر الله), (né en 1952 au Caire) est un réalisateur égyptien. Il fut étudiant de l’Institut du Cinéma du Caire. Il débuta comme assistant de Youssef Chahine et est le co-scénariste de Adieu Bonaparte (1984) et Alexandrie encore et toujours(1990).
Il réalise son premier long métrage, Vol d'été, primé dans de nombreux festivals et présenté à la quinzaine des réalisateurs à Cannes en 1987. Il est l’auteur d’un documentaire émouvant sur la jeunesse égyptienne intitulé À propos des garçons, des filles et du voile (1995). Son film La Ville (المدينة, Al Medina), tourné en 1999, obtient l'année suivante le Prix du public lors du 10ème Festival du cinéma africain de Milan.
Lors de la révolution égyptienne de 2011, il filme avec une caméra Sony DSC-TX7 en AVCHD les manifestants sur la place Tahrir le jour, puis protège ses voisins avec le comité révolutionnaire de quartier la nuit. À la suite de la révolution, il accepte de faire partie du CNC égyptien, et de donner des cours à l'Institut du Cinéma ; dans les deux cas, « tout est à faire».
Filmographie :
- 1988 : Vol d'été (Sarikat Sayfeya)
- 1993 : Marcides
- 1995 : À propos des garçons, des filles et du voile (Sobyan wa banat)
- 1999 : La Ville (المدينة, Al Medina)
- 2004 : La Porte du soleil (باب الشمس, Bab el Shams)
- 2007 : L'Aquarium (جنينة الأسماك, Geneinet el Asmak)
- 2010 : Femmes du Caire (إحكي يا شهرزاد, Ehky ya Shehrazade)
- 2010 : 18 jours
- 2012 : Après la bataille
Bayiri, La Patrie
Lundi 12 novembre à 20h30. Petit Kursaal. • Grand prix Ousmane Sembene au 15ème festival du cinéma africain de Khouribga • Réalisé par S.-Pierre Yamaéogo • Burkina Faso, 2011, 90 min • Avec Tina Hatou Ouedraogo, Aïda Kabore, Blandine Yaméogo, Madna Traoré, Bil Aka Kora, Abdoulaye Komboudri.
Des rebelles tentent un coup d’état, la Côte d’Ivoire bascule dans le chaos. Un village ivoirien où vivent essentiellement des Burkinabés est attaqué. C’est pour eux le début d’un long exil. Durant l’exode, Biba est séparée de sa mère. À la frontière, les militaires pratiquent de fouille toute particulière, Biba fait partie des victimes tandis que sa mère en réchappe et arrive dans un camp de réfugiés. Sans nouvelle de sa fille, elle prie Zodo, le coupeur de route, de retrouver Biba moyennant finance. Il la retrouve, tombe amoureux et la ramène au camp…
Bayiri est un long métrage qui aborde le sort des migrants burkinabés dans une Côte d’Ivoire en proie à la guerre civile. Plus généralement il traite de la position instable des migrants dans nombre de sociétés, les souffrances des civils en tant de guerre et les conditions difficiles d’existence dans les camps de réfugiés, en particulier pour les femmes.
S.-Pierre Yamaéogo
S.-Pierre Yaméogo, burkinabé né le 15 mai 1955, à Koudougou. Études au Conservatoire du Cinéma Français. Il a réalisé des courts-métrages, des longs-métrages et des documentaires. Il est le fondateur de la maison de production Afix.
Kedach ethabni (Combien tu m’aimes)
Dimanche 11 novembre à 20h30. Petit Kursaal. En présence du réalisateur. • Réalisé par Fatma Zohra Zamoum • Fiction, Algérie/Maroc, 2011, 98 min • Avec Racim Zennadi, Nadjia Debbah-Laaraf, Abdelkader Tadjer, Nourdine Alane, Louiza Habani, Loubna Boucheloukh, Mohamed-Lotfi Draiai, Mohamed Bounoughaz, Zahir Bouzrar, Yasmina Soltani…
Alger, de nos jours, Adel, 8 ans, est confié à ses grands-parents Khadidja et Lounès car ses parents Rachid et Safia se sont disputés. Adel était supposé rester avec ses grands-parents une semaine, à laquelle s’ajoute une autre semaine et il rate l’école. Khadidja, femme au foyer, essaie de partager sa vie quotidienne dans son appartement avec Adel, alors que Lounès, retraité, l’initie au grand monde des animaux. De jour en jour, la question « Combien tu m’aimes » que se lancent l’enfant et sa grand-mère les aide à traverser cette période difficile et à se rapprocher l’un de l’autre…
« Les adultes sont compliqués ! » Cette expression de Khadidja, la grand-mère, résume le point de vue d'Adel, un jeune Algérien de huit ans, dont les parents se séparent et qui se retrouve confié à ses grands-parents. C'est avec ses yeux, à son rythme et à sa hauteur que le film aborde la question que pose sa grand-mère : « Combien tu m'aimes ? » Car c'est bien d'amour dont il est question, de la capacité d'aimer et donc de vivre et désirer, face au patriarcat du grand-père qui craint pour la virilité d'Adel quand Khadidja lui apprend à cuisiner, face aux stratégies nécessaires à Toufik et Farida pour s'embrasser en cachette, face à l'incommunicabilité des parents qui ne peuvent plus s'asseoir pour discuter. Tout cela débouche sur une immense solitude devant des portes fermées, image finale d'un film sensible qui aligne les petites touches intimistes et tranquilles. Personne ne s'énerve et chacun souffre en silence, pour ne pas troubler le petit, pour ne pas faire de scandale. La caméra – presque documentaire – se passionne pour les gestes quotidiens afin de capter cet état d'entre-deux qui place Adel dans une nouvelle vie dont il perçoit peu à peu qu'il devra s'y résoudre - devenir adulte en somme –, loin de l'innocence enfantine. Le cadre toujours sage et les lumières tamisées concourent à réduire la tension pour ne plus laisser cours qu'au regard incisif d'Adel sur un monde que l'on met en cages. C'est à la fois la beauté sincère et l'embarrassante limite d'un film qui peine à trouver l'intensité de son propos. Finalement, tout finit par se dire, parce que ni le récit ni la mise en scène ne l'ont porté. Ce n'est de même que lorsqu'une musique prend en charge la nostalgie que celle-ci s'impose. Entre Khadidja et Adel s'est joué un espace de liberté sans que celle-ci puisse trouver les bases qui lui permettraient de perdurer, emportant le spectateur dans une incommensurable amertume.
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Fatma Zohra Zamoum
Fatma Zohra Zamoum est née le 19 janvier 1967 à Bordj-Ménaïel (Algérie). Actrice, Réalisatrice, Productrice, Scénariste. Elle fait ses études à l'École Supérieure des Beaux-Arts d'Alger de 1985 à 1988, puis part à Paris en 1988. En 1995, elle obtient une Licence d'Études Cinématographiques et Audiovisuelles à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. La cinéaste est également enseignante en Histoire de l'Art à l'Université de Marne-La-Vallée.
Elle partage sa vie entre deux passions : la peinture et le cinéma. Le cinéma et la fiction se sont confortablement installés dans son existence depuis 1995 avec la réalisation de courts-métrages autofinancés et l'écriture de scénarii longs et courts. En 2009, Fatma Zamoun signe son premier long-métrage Z'har, film expérimental, puis son second, Combien tu m'aimes ? Ce dernier était en compétition officielle lors de la 15ème édition du Festival du Cinéma Africain de Khouribga (FCAK, Maroc), qui a eu lieu du 30 juin au 7 juillet 2012.
Fatma Zohra Zamoun est l'auteure de plusieurs publications dont À tous ceux qui partent (roman, Éd. L'Harmattan, 1999) et de Comment j'ai fumé tous mes livres (roman, Éditions La Chambre d'Échos, 2006), et des ouvrages sur la peinture.
Fin décembre
Mardi 13 novembre à 20h. Petit Kursaal. • Réalisé par Moez Kammoun • Tunisie, 2012, 104 min • Avec Dhafer El Abidine, Hend El Fahem, Lotfi Abdelli, Lotfi Bondka, Dalila Meftahi, Jamel Madani.
Adam est un jeune médecin désabusé, ne supportant plus son quotidien morne et insipide entre les souffrances de ses patients et sa vie de solitaire. Il décide alors sur un coup de tête de tout plaquer et d’accepter un poste dans un village retiré et aride. Aïcha, la vingtaine, ouvrière dans une usine de confection rêve d’une vie meilleure. Trahie par un amoureux qui s’est fait discrètement la malle la laissant se débattre avec ses entrailles, elle se renferme sur elle-même et se réfugie dans sa solitude. Sofiène, un immigré retourne au village à la recherche d’une épouse… Les chemins de ses trois personnages se croisent dans ce village paisible…
Un beau casting anime cette fiction avec Hend El Fahem, Dhafer L’Abidine, Lotfi Abdelli, Lotfi Bondka, Dalila Meftahi et Jamel Madani. « Ce film est né d’une réflexion sur la femme rurale et ses nouvelles préoccupations. Une femme active et qui essaye de s'en sortir malgré les entraves sociales et morales. À travers le personnage d’Aicha (Hend El Fahem) une jeune fille frivole et naïve, j’ai voulu raconter l’histoire de ces villageois avec leurs amours, leurs déceptions et leurs espérances sans voyeurisme misérabilisme », a déclaré le réalisateur.
Riche de son expérience d’assistant, Moez Kamoun a doté son film des plus beaux paysages du village berbère de Takrouna, et Hend El Fahem, alias Aïcha dans le rôle principal, a su incarner la villageoise rebelle et révoltée qui a envie de partir loin en quête de liberté.
Moez Kamoun
Moez Kamoun est né en Tunisie en 1962. Après avoir eu son bac au collège Sadiki, il continue ses études dans le domaine cinématographique à l’École Supérieure De Cinéastes et d’Acteurs (Paris, 1987). Il entame une longue carrière d’assistant-réalisateur sur plusieurs films tunisiens comme L’Homme De Cendres, Sabots En Or et Bezness de Nouri Bouzid, La Danse Du Feu de Selma Baccar, Le Fil Perdu de Kalthoum Bornaze, L’enfant des Terrasses de Ferid Boughdir et Fatma de Khaled Ghorbel. Il a aussi travaillé sur une cinquantaine de films étrangers dont Déposez Armes de Rachid Bouchareb, Po Di Sanghi de Flora Gomes, Madame Butterfly de Frederick Mitterrand, Miel et Cendres de Nadia Fares, Peut-être de Cedrique Klapisch, Le Patient Anglais de Anthonny Minguella , Star Wars - Épisode 1 et Star Wars - Épisode 2de Geoges Lucas.
Son premier long métrage Parole d’Hommes (2004), fut sélectionné dans plus d’un festival international. Fin Décembre est son deuxième long-métrage. En compétition officielle et primé (Fofog d’Or) au 7ème Festival International du Film Oriental de Genève, qui s’est déroulé du 28 avril au 6 mai 2012. Il a représenté la Tunisie dans la section Panorama au Brasilia International Film Festival, qui s’est déroulé du 12 au 22 juillet 2012.
La Pirogue
Dimanche 11 novembre à 18h. Cinéma Victor Hugo. • Réalisé par Moussa Touré • France/Sénégal/Allemagne, 2011, 87 min • Avec Souleymane Seye Ndiaye, Laïty Fall.
Un village de pêcheurs dans la grande banlieue de Dakar, d’où partent de nombreuses pirogues. Au terme d’une traversée souvent meurtrière, elles vont rejoindre les îles Canaries en territoire espagnol. Baye Laye est capitaine d’une pirogue de pêche, il connaît la mer. Il ne veut pas partir, mais il n’a pas le choix. Son frère fait partie du voyage, le capitaine de la pirogue pressenti ne connait pas assez bien la mer, et au pays, aucun avenir n’est possible… Il devra conduire trente hommes en Espagne. Ils ne se comprennent pas tous, certains n’ont jamais vu la mer et personne ne sait ce qui les attend au bout du voyage…
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Critiques
Par Benoît Thevenin
Ils sont jeunes mais n’ont aucune perspective d’avenir dans leur pays. Ces sénégalais candidats à l’exil pour l’Europe savent qu’ils risquent leur peau, mais ils préfèrent mourir en tentant leur chance plutôt que de rester coincés à Dakar. L’Europe est un Eldorado (même s’ils savent que la crise économique frappe durement l’Occident). Ils rêvent de gloire footbalistique, d’argent et de filles faciles à séduire. Ils rêvent simplement d'une vie meilleure et où tout sera possible…
La Pirogue nous parvient deux ans après Harragas, de Merzak Allouache (2010). D’Alger à Dakar, la jeunesse africaine semble renoncer à s’épanouir sur les terres où chacun est né. Les histoires sont les mêmes. Le modeste canot des « brûleurs » algériens impressionne cependant moins que la longue et somptueuse pirogue sénégalaise.
Le risque avec ce genre de films est celui d’enfoncer des portes ouvertes. Les moyens de la fiction ne sont pas forcément les plus appropriés pour raconter ces aventures humaines, du moins dès lors que le parti pris est celui d’accompagner les candidats à l’immigration tout le temps de leur voyage en mer. Là, l’idée d’un récit de l’intérieur offre peu de marge de manœuvre pour une histoire vraiment originale.
Le voyage entre Dakar et la côté Espagnole dure idéalement huit jours, d’après l’un des personnages au début du film. De là, Moussa Touré va dérouler une dramaturgie très balisée. On compte, malgré nous, les jours et les nuits, et chaque nouvelle journée apporte une nouvelle péripétie : on découvre d’abord un passager clandestin, la pirogue croise le chemin d’une autre en panne sèche et qu’elle ne peut aider, un moteur tombera en panne, une tempête devra être affrontée etc. À chaque jour suffit sa peine, comme autant de passages obligés, d’autant qu’en plus Harragas ne racontait pas autre chose.
La meilleure idée du film reste la pirogue elle même. Elle est une embarcation fascinante, belle, large, longue et puissante, et en même temps très fragile. L’essentielle du film se déroule à son bord, dans une espèce de huis-clos à ciel ouvert. L’espace qu’offre la pirogue laisse libre court au placement de la caméra. Moussa Touré appréhende parfaitement et rigoureusement cet espace.
Moussa Touré
Moussa Touré est un cinéaste sénégalais, également scénariste et producteur. Né à Dakar, au Sénégal en 1958, il a commencé très jeune sa carrière dans le cinéma en tant que technicien, électricien, assistant-réalisateur) pour réaliser son premier court-métrage en 1987, puis son premier long-métrage en 1991, Toubab Bi, primé de nombreuses fois. En 1997, il réalise TGV, avec Makéna Diop, Bernard Giraudeau et Philippine Leroy-Beaulieu, véritable succès populaire en Afrique. Depuis, il a signé plusieurs documentaires remarqués.
Il dirige sa propre société de production, Les Films du crocodile, basé à Dakar.
Aussi bien comédien, technicien, que réalisateur, Moussa Touré a joué dans plusieurs films. À son actif, on lui compte dans le domaine de la réalisation, une dizaine de films tout genre confondus, dont des documentaires remarqués. Le cinéaste sénégalais a initié le festival « Moussa invite », à Rufisque, au Sénégal. Ce festival fait la promotion de documentaires africains réalisés par des Africains.
Il a été le Président du Jury Films documentaires au Fespaco 2011.
Les Baobabs ne poussent pas en hiver
Mercredi 14 novembre à 20h30. Petit Kursaal. En présence du réalisateur • Réalisé par Henri Henriol • Fiction, Sénégal, 2011, 95 min, STF • Avec Richard Bohringer, Jean-Jacques Levessier, Nathalie Vairac, Bachirou Diakhaté et Djibril Pavadé.
Jean-Yves, 45 ans, débarque au Sénégal en quête de sens sans grande conviction. Il va poser ses valises chez Angelo Martini, un vieux routard, un « blanc cassé » qui en a vu passer d’autres, des expatriés, dans son petit hôtel. Babacar, lui, a 25 ans. Son avenir c’est l’Europe, juste de l’autre côté de la Méditerranée. Jean-Yves ne s’embarrasse pas du sort des gamins comme Babacar, des jeunes Africains prêts à tout pour fouler la Terre Promise. Il en a suffisamment vu dans les rues de Marseille…
Les Baobabs ne poussent pas en hiverévoque l'identité au travers de l'exil.
L’histoire est celle de deux destins croisés : celui de Babacar, jeune Africain, qui rêve d’aller en France, et celui de Jean-Yves, qui fuit son pays en pensant trouver au Sénégal l’occasion de démarrer une nouvelle vie. Il débarque dans un hôtel tenu par Angelo Martini, qu’incarne avec brio Richard Bohringer. Autour d’eux, de nombreux personnages… Si une phrase devait résumer l’histoire, ce serait : « Chacun poursuit son rêve. »
Malgré les nombreuses difficultés rencontrées, il a reçu le soutien du nouveau Ministre de la Culture du Sénégal, Youssou N’Dour, qui a cédé les droits de quelques-unes de ses chansons. Richard Bohringer y interprète un européen qui veut s’intégrer à la culture sénégalaise. Depuis 7 ans, Henri Henriol rêvait de faire son film et de raconter l’histoire d’un français venu se racheter en Afrique. Son talent a réussi à fédérer des professionnels exceptionnels.
Le film a été sélectionné et projeté le 28 avril 2012 à Cannes, dans le cadre du Festival du Film Panafricain, où il a reçu un très bon accueil.
Henri Henriol
Marseillais d’origine sénégalaise.
Le Retour du fils
Jeudi 15 novembre à 18h. Cinéma Victor Hugo. • Réalisé par Ahmed Boulane • Maroc, 2012, 60 min • Avec Younes Megri, Warren Guetta.
Quinze ans après avoir été kidnappé par sa mère française, Mehdi, aujourd’hui vingt ans, retourne au Maroc pour voir son père Aziz, le jeune homme veut apprendre à connaître son pays natal. Il rencontre une jeune marocaine, Aziz voit d’un mauvais œil cette relation et se dispute de plus en plus fréquemment avec son fils. Un jour, après une discussion particulièrement enflammée, Mehdi s’en va et ne rentre pas le soir à la maison. Le pire cauchemar d’Aziz commence.
Ahmed Boualne sait raconter une histoire. Il a appris au cours de longues années de cinéma en touchant à tout, dans de nombreuses productions étrangères, comment mener sa narration. Sans être un cinéma classique, son travail – comme on a pu l’apprécier dans Ali, Rabia et les autres…, Les anges de Satan ou même dans un sublime court-métrage intitulé Voyage dans le passé – maîtrise les ingrédients du cinéma. Ici, pour ce film, très personnel, Ahmed Boulane raconte l’histoire d’un fils qui revient voir son père, vingt ans après avoir été kidnappé par sa mère. Français et Marocain à la fois, il revient découvrir non pas qui est ce père imaginaire, mais surtout un pays, une culture, un mode de vie et de pensée. Film sur l’identité ? Certes. Mais surtout une belle réflexion sur l’amour entre un père et son fils qui se découvrent.
Et au-delà de cette percée réciproque l’un dans la vie de l’autre, c’est tout un pays qui défile. Évidemment, Boulane aurait pu éviter le cliché des Habouss, cette espèce de couleur locale un peu trop facile. Quoi qu’il en soit, l’intérêt pour nous réside ailleurs. D’abord ce retour du fils est exempt d’amertume. Ce jeune homme de 20 ans qui débarque est à la fois émerveillé, inquiet, assoiffé de tout savoir, mais il n’y a aucune aigreur en lui. Le père, non plus, n’est pas un crétin, mais un type aimant et patient. Et c’est cet échange d’amour entre deux hommes qui rend ce Retour du fils à la fois très beau et très touchant. Mais, comme d’habitude chez Boulane, l’émotion, les sentiments passent avant tout. On sent dans plusieurs scènes que c’est un pan de sa vie qui défile sur les bobines. Alors, sans pathos, mais avec juste ce qu’il faut de douleur fine, Boulane distille du bonheur à voir ce fils porter aux nues ce père, qui, en retour, voit une extension de lui-même prendre forme et se tenir debout. Et pour nous, malgré plusieurs inexactitudes et quelques longueurs et un jeu d’acteurs pas souvent au poil, ce film est un bel hymne à l’amour.
Ahmed Boulane
Ahmed Boulane est un réalisateur marocain, né le 4 décembre 1956 à Salé.
Considéré comme « l'enfant terrible du cinéma marocain » pour ses frasques auprès des journalistes et de ses confrères réalisateur, il est pourtant considéré comme un des réalisateurs marocains les plus doués, même si sa venue à la réalisation fut tardive.
Après un passage à la télévision marocaine et un séjour en Italie, il revint au Maroc ou il travailla pendant 25 ans dans tous les postes du cinéma : acteur, régisseur, directeur de casting, assistant réalisateur dans une cinquantaine de longs-métrages pour les plus grands : Giuliano Montaldo, Carlo Di Palma, Alan J. Pakula, Philippe de Broca, Jean Delannoy, John Landis, etc.
Son premier court-métrage, Voyage dans le passé, fut un coup de tonnerre au Maroc : il reçut le prestigieux Prix du Vatican et lui permit de réaliser son rêve : un long-métrage.
Son premier long métrage, Ali, Rabiaa et les autres… fut retiré des salles de cinéma quelques jours après sa sortie, sans explications. Il entra directement dans la catégorie des films culte marocains. Il remporta plusieurs prix internationaux et donna à Ahmed Boulane une crédibilité immédiate.
Son deuxième long-métrage, Les Anges de Satan, traita d'un scandale qui secoua l'opinion marocaine en 2003 : l'affaire des rockers satanistes. Le film, malgré un tournage mouvementé (des autorisations de tournages refusées au dernier moment malgré les promesses), sorti finalement la même semaine que le film 300, devint le premier au box-office de 2007 au Maroc, devançant des films comme Harry Potter. Il reçut le Prix de la Meilleure Musique au Festival Internation de Tanger, le Prix du Jury au Avanca International Film Festival, au Portugal, et deux Mentions Speciales au Festival de Goa.
Le dernier film de Ahmed Boulane, Le Retour du Fils est un projet qui a pris 10 ans avant sa réalisation. Il est sortit sur les écrans le 7 mars 2012.
Les Chevaux de Dieu
Jeudi 15 novembre à 20h30. Cinéma Victor Hugo. • Prix François Chalais Cannes 2012 • Réalisé par Nabil Ayouch • Maroc France/Belgique, 2012, 115 min • Avec Abdelhakim Rachid, Abdelilah Rachid, Hamza Souidek, Ahmed El Idrissi El Amrani.
Yassine a 10 ans lorsque le Maroc émerge à peine des années de plomb. Sa mère, Yemma, dirige comme elle peut toute la famille. Un père dépressif, un frère à l’armée, un autre presque autiste et un troisième, Hamid, petit caïd du quartier et protecteur de Yachine. Quand Hamid est emprisonné, Yachine enchaîne les petits boulots. Pour les sortir de ce marasme où règnent violence, misère et drogue, Hamid, une fois libéré et devenu islamiste radical pendant son incarcération, persuade Yachine et ses copains de rejoindre leurs « frères ». L’Imam Abou Zoubeir, chef spirituel, entame alors avec eux une longue préparation physique et mentale. Un jour, il leur annonce qu’ils ont été choisis pour devenir des martyrs…
Ce film est librement inspiré des attentats terroristes du 16 mai 2003 à Casablanca.
Comment devient-on kamikaze ? Cette question, lancinante, n'a cessé de hanter le réalisateur marocain Nabil Ayouch après les attentats de Casablanca de 2003. Dans Les chevaux de Dieu, le cinéaste retrace l'itinéraire intime de deux frères du bidonville de Sid Moumen, à Casablanca, et leur évolution, de la délinquance et la misère à l'embrigadement salafiste. Le film montre « comment des gamins de bidonvilles de Casablanca, à travers les années, voient leur destin dévier pour devenir des terroristes qui commettent les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca. Ce film est inspiré des véritables attentats qui ont frappé Casablanca et qui ont fait 45 morts dans cinq lieux différents. »
Est-ce que l’islamisme est la grande question des sociétés du Maghreb aujourd’hui ? « L’islamisme, je ne sais pas, mais l’islam politique oui. Avec des idéologies qu’il véhicule, explique Nabil Ayouch. L’année dernière a été extrêmement prolixe, à citer des mouvements populaires dans pratiquement tous les pays arabes. Et ces mouvements sont en train de se transformer - pour moi ils ont été kidnappés - par une forme d’islam politique qui est en train de s’emparer du pouvoir. Ma préoccupation réelle est là. »
Les Chevaux de Dieu, ce long-métrage de fiction, présenté dans la section Un Certain Regard, aurait pu tenir du documentaire : 90% du casting, dont les deux personnages principaux, sont des acteurs non-professionnels, originaires pour la plupart du bidonville de Sid Moumen à Casablanca. Les deux futurs terroristes qui jouent des frères, le sont dans la vraie vie. Le réalisateur a mené une minutieuse enquête sur l'univers salafiste et la jeunesse démunie de Casablanca, allant jusqu'à rencontrer les familles des véritables kamikazes de l'attentat du 16 mai 2003.
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Nabil Ayouch
Nabil Ayouch (نبيل عيّوش) est un réalisateur franco-marocain, né le 1er avril 1969 à Paris. Il est le fils d’une mère juive française d'origine tunisienne et d’un père musulman marocain.
Après des cours de théâtre et de mise en scène chez Sarah Boréo et Michel Granvale, Nabil Ayouch débute comme assistant-réalisateur et réalise à partir de 1992 des spots publicitaires.
En 1997, et après avoir tourné trois courts-métrages, il réalise son premier long-métrage, Mektoub, qui est un record historique du box-office marocain avec plus de 350 000 entrées, et qui est sélectionné en 1998 pour représenter le Maroc aux Oscars.
En 2000, il tourne son deuxième long-métrage, Ali Zaoua, prince de la rue qui est également un grand succès, et remporte plus d’une quarantaine de prix. Comme son premier long-métrage, ce film est sélectionné pour les Oscars.
Entre 2000 et 2003, il crée le Prix Mohamed Reggab qui récompense les meilleurs scénarios et il produit huit premiers courts-métrages de jeunes talents. En 2008, Nabil Ayouch est membre du 1er collège de l’avance sur recettes du Centre National de la Cinématographie (CNC) et réalise son troisième long-métrage, Whatever Lola Wants. Grand Prix du Festival National du Film, il est distribué dans plus de trente pays.
En 2009, Nabil Ayouch a créé et mis en scène le spectacle de clôture du Forum Économique Mondial de Davos, en Suisse. Il a lancé la même année le projet « Images pour tous », qui a pour objet de créer des salles de cinéma numériques (10 en 2009) dans le monde rural et périurbain. Il réalise en 2011 un film intitulé My land.
En 2012, son long-métrage Les Chevaux de Dieu est en sélection officielle à Cannes, dans le cadre de la section Un Certain Regard. Il y remporte le Prix François-Chalais.