Les Chevaux de Dieu
Jeudi 15 novembre à 20h30. Cinéma Victor Hugo. • Prix François Chalais Cannes 2012 • Réalisé par Nabil Ayouch • Maroc France/Belgique, 2012, 115 min • Avec Abdelhakim Rachid, Abdelilah Rachid, Hamza Souidek, Ahmed El Idrissi El Amrani.
Yassine a 10 ans lorsque le Maroc émerge à peine des années de plomb. Sa mère, Yemma, dirige comme elle peut toute la famille. Un père dépressif, un frère à l’armée, un autre presque autiste et un troisième, Hamid, petit caïd du quartier et protecteur de Yachine. Quand Hamid est emprisonné, Yachine enchaîne les petits boulots. Pour les sortir de ce marasme où règnent violence, misère et drogue, Hamid, une fois libéré et devenu islamiste radical pendant son incarcération, persuade Yachine et ses copains de rejoindre leurs « frères ». L’Imam Abou Zoubeir, chef spirituel, entame alors avec eux une longue préparation physique et mentale. Un jour, il leur annonce qu’ils ont été choisis pour devenir des martyrs…
Ce film est librement inspiré des attentats terroristes du 16 mai 2003 à Casablanca.
Comment devient-on kamikaze ? Cette question, lancinante, n'a cessé de hanter le réalisateur marocain Nabil Ayouch après les attentats de Casablanca de 2003. Dans Les chevaux de Dieu, le cinéaste retrace l'itinéraire intime de deux frères du bidonville de Sid Moumen, à Casablanca, et leur évolution, de la délinquance et la misère à l'embrigadement salafiste. Le film montre « comment des gamins de bidonvilles de Casablanca, à travers les années, voient leur destin dévier pour devenir des terroristes qui commettent les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca. Ce film est inspiré des véritables attentats qui ont frappé Casablanca et qui ont fait 45 morts dans cinq lieux différents. »
Est-ce que l’islamisme est la grande question des sociétés du Maghreb aujourd’hui ? « L’islamisme, je ne sais pas, mais l’islam politique oui. Avec des idéologies qu’il véhicule, explique Nabil Ayouch. L’année dernière a été extrêmement prolixe, à citer des mouvements populaires dans pratiquement tous les pays arabes. Et ces mouvements sont en train de se transformer - pour moi ils ont été kidnappés - par une forme d’islam politique qui est en train de s’emparer du pouvoir. Ma préoccupation réelle est là. »
Les Chevaux de Dieu, ce long-métrage de fiction, présenté dans la section Un Certain Regard, aurait pu tenir du documentaire : 90% du casting, dont les deux personnages principaux, sont des acteurs non-professionnels, originaires pour la plupart du bidonville de Sid Moumen à Casablanca. Les deux futurs terroristes qui jouent des frères, le sont dans la vraie vie. Le réalisateur a mené une minutieuse enquête sur l'univers salafiste et la jeunesse démunie de Casablanca, allant jusqu'à rencontrer les familles des véritables kamikazes de l'attentat du 16 mai 2003.
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Nabil Ayouch
Nabil Ayouch (نبيل عيّوش) est un réalisateur franco-marocain, né le 1er avril 1969 à Paris. Il est le fils d’une mère juive française d'origine tunisienne et d’un père musulman marocain.
Après des cours de théâtre et de mise en scène chez Sarah Boréo et Michel Granvale, Nabil Ayouch débute comme assistant-réalisateur et réalise à partir de 1992 des spots publicitaires.
En 1997, et après avoir tourné trois courts-métrages, il réalise son premier long-métrage, Mektoub, qui est un record historique du box-office marocain avec plus de 350 000 entrées, et qui est sélectionné en 1998 pour représenter le Maroc aux Oscars.
En 2000, il tourne son deuxième long-métrage, Ali Zaoua, prince de la rue qui est également un grand succès, et remporte plus d’une quarantaine de prix. Comme son premier long-métrage, ce film est sélectionné pour les Oscars.
Entre 2000 et 2003, il crée le Prix Mohamed Reggab qui récompense les meilleurs scénarios et il produit huit premiers courts-métrages de jeunes talents. En 2008, Nabil Ayouch est membre du 1er collège de l’avance sur recettes du Centre National de la Cinématographie (CNC) et réalise son troisième long-métrage, Whatever Lola Wants. Grand Prix du Festival National du Film, il est distribué dans plus de trente pays.
En 2009, Nabil Ayouch a créé et mis en scène le spectacle de clôture du Forum Économique Mondial de Davos, en Suisse. Il a lancé la même année le projet « Images pour tous », qui a pour objet de créer des salles de cinéma numériques (10 en 2009) dans le monde rural et périurbain. Il réalise en 2011 un film intitulé My land.
En 2012, son long-métrage Les Chevaux de Dieu est en sélection officielle à Cannes, dans le cadre de la section Un Certain Regard. Il y remporte le Prix François-Chalais.