Films en compétition
Une compétition originale et innovante, avec une place privilégiée pour les premiers films et l’arrivée pour la première fois de films en provenance d’Angola et du Mozambique. Nous irons à la rencontre de 9 pays avec des œuvres rares, la majorité inédites à Besançon, qui ne pourraient être vues sans la vigilance de l’équipe des programmateurs. Les films, cette année encore, ne sont pas présentés en seconde séance. Une seule séance officielle pour le Coup de Cœur du Public, il faut être vigilant…
Rendez-vous dimanche 17 novembre à 20 h 30 au cinéma Victor Hugo pour la projection du film primé par le public. Tarif unique de la séance : 1 €.
C’est eux les chiens
Mercredi 13 novembre à 17 h 40. Cinéma Victor Hugo.
Réalisé par Hicham Lasri • Maroc, 2012, 85 min, VOST français • Avec Hassan Badida, Yahya El Fouandi, Imad Fijjaj.
Majhoul vient de passer 30 ans dans les geôles marocaines pour avoir manifesté en 1981 durant les « émeutes du pain. » Il retrouve la liberté en plein Printemps arabe. Une équipe de télévision en quête de sensationnel décide de le suivre dans la recherche de son passé. Ulysse moderne, Majhoul les entraîne dans une folle traversée de Casablanca, au cœur d’une société marocaine en ébullition.
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Parole de cinéaste
« Un porte-voix sans visage articule des slogans en silence. Un journaliste et son équipe sondent la voix du peuple qui manque. Un fantôme aux traits émaciés, à la silhouette de João Cesar Monteiro, ressuscité des morts des geôles d’Hassan II, reste muet, hébété au milieu des manifestations. L’équipe de télévision se déporte vers ce corps lazaréen. Ce décadrage derrière la foule est un geste radical de cinéaste, une libération du pouvoir et de sa fabrique à images. La chasse à la réconciliation est ouverte. Qu’est devenu le Maroc depuis les rafles de 81 ? On contemple le visage et le corps un tantinet burlesque de cet homme meurtri, oublié, qui porte les stigmates des mensonges de la Monarchie. Il absorbe les arrangements médiatiques de la culpabilité du pouvoir. Dans cette fable tragique, Lasri compose un road movie punk, décapant, original, sur les révolutions arabes. Le film traverse une ville dévastée où le corps de la société marocaine reprend rage, conscience. Le « mouvement du 20 février » a-t-il bien eu lieu ? Le tour de force de Lasri est de faire d’une errance erratique un thriller haletant. Grâce du cinéma contre les images du flux médiatique qui produisent de l’oubli. Mise en scène virtuose contre le recouvrement de la mémoire. Grand film sur la renaissance du sentiment de la perception et la possibilité d’une vie au présent. Après la perte des idéaux, il montre l’évidence de leur nécessaire retour. Tant que la révolution n’aura pas été à son terme, ses premières figures héroïques nous hanterons avec insistance. Vertu retrouvée des images de cinéma qui s’opposent à celles qui nous enterrent. Un film viscéral qui hurle la nécessité d’une renaissance. » Fleur Albert, cinéaste.
Critiques Presse
« Film excessif, bruyant, crispé, C’est eux les chiens prend le Maroc par la main pour l’entraîner, en guise d’ultime sarabande, dans un pogo rageur et violent. » Roland Hélié, Les fiches du cinéma.
« Étrange objet qui cache derrière son indéniable énergie le désenchantement de toute une génération. » Clément Graminiès, critikat.com.
« Jouant sur le doute, entre fiction et documentaire, le cinéaste nous convie à une balade poétique et flottante dans Casablanca, explorée dans ses moindres recoins » Clarisse Fabre, Le Monde.
Hicham Lasri
Hicham Lasri est né le 13 avril 1977 à Casablanca, Maroc.
Directeur artistique • Direction artistique de 17 long-métrages dans le cadre du projet intitulé Film Industry (production de 30 long-métrages de fiction (support HD) en co-production entre Ali n’Productions, la Société Nationale de Radio et de Télévision et le Ministère de la Communication), avril 2006/juin 2007.
Réalisateur scénariste
- 2013 : C’est eux les chiens, long métrage de fiction, Sélection ACID festival de Cannes 2013.
- 2011 : The End, long métrage de fiction, présenté en séance spéciale au festival Lumières d’Afrique en 2011.
- 2007 : Le peuple de l’horloge, long-métrage de fiction produit par la Film Industry (en post-production).
- 2006-2007 : L’os de fer, long-métrage de fiction produit par Ali n’Productions & la SNRT, présenté en compétition au festival Lumières d’Afrique 2007.
- 2005 : Lunati(K)a, court-métrage en produit par Ali n’Productions et la Fondation ONA.
- 2005 : Jardin des Rides, court-métrage produit par Nabil Ayouch pour Ali n’Productions, sélection officielle aux Journées Cinématographiques de Carthage.
- 2004 : Ali J’nah Freestyle, court-métrage produit par Nabil Ayouch et Ali n’Productions, 13 min.
- 2002 : Géométrie du remords, court-métrage de 6”26 produit par Nabil Ayouch et Ali’n, Prix Reggab 2002.
- 2002 : Décalage horreur, docu-fiction de 6 min produit par La FEMIS (école nationale supérieure des métiers de l’image et du son) dans le cadre de l’université d’été de la FEMIS.
- Spots publicitaires, génériques d’émission et de clips : conception et/ou réalisation (campagne anti-piratage
- 2006, Sida, Ferdaous, Moufida, Onmt, La Fondation des arts vivants, Ali n’Productions).
Scénariste
- 2005 : La légende d’Arhaz, long-métrage de Nabil Ayouch.
- 2005 : La vie et les deux morts de Oud Ward, long-métrage de Lahcen Zinoun.
- 2004 : Tissé de main et d’étoffe, long-métrage d’Omar Chraïbi, Premier prix d’interprétation masculine au festival du film d’auteur de Rabat 2007.
- 2003 : La Légende du Roi-Poubelle, pour le cinéaste marocain Nabil Ayouch.
Grigris
Vendredi 15 novembre à 17 h 40. Cinéma Victor Hugo.
Réalisé par Mahamat-Saleh Haroun • Tchad/France, 2013, 101 min, VF • Avec Soulémane Démé, Anaïs Monory, Cyril Guei.
Alors que sa jambe paralysée devrait l’exclure de tout, Grigris, 25 ans, se rêve en danseur. Un défi. Mais son rêve se brise lorsque son oncle tombe gravement malade. Pour le sauver, il décide de travailler pour des trafiquants d’essence…
Critiques presse
« Mahamat Saleh Haroun est l’un des rares représentants internationaux d’un cinéma africain en pleine déshérence, sa présence en compétition à Cannes en 2013 étant d’autant plus précieuse. Mais il ne faudrait pas prendre cette présence pour une concession géopolitiquement correcte : Haroun a maintes fois prouvé son talent et persiste avec ce nouveau film. Grisgris, c’est le surnom d’un jeune homme handicapé d’une jambe, ce qui ne l’empêche pas de danser divinement bien et de gagner sa vie ainsi, complétant ses maigres revenus de photographe. Lorsque son père tombe malade, n’assurant plus la continuité du studio photo, Grisgris décide de travailler pour une bande trafiquants d’essence. Il rencontre par ailleurs la splendide Mimi (Anaïs Monory, on veut d’urgence son 06 !). Haroun livre un nouveau conte cruel de la jeunesse africaine, prise dans les rets des difficultés économiques, de la corruption et de la violence. Haroun est un filmeur topographe hors pair, constamment inspiré pour filmer les ruelles des villes, les cases de village, la savane, les embrasures de portes, les ouvertures de rideaux, les visages et corps de ses comédiens. Il est tout aussi habile dans l’ordonnancement des tempos, l’alternance de dialogues et de silences, la gestion des temps forts et faibles. Il est simplement dommage que sa direction d’acteurs soit parfois en deçà de sa maîtrise de l’espace-temps et de ses talents de conteur et de plasticien. Mais comme tout bon cinéaste, il sait inventer des plans inoubliables, comme les deux regards-caméra de ses deux acteurs principaux, ou cette bouleversante séquence vers la fin du film : les femmes du village ont tabassé à mort le caïd local (hors champ) avec tout ce que leur village contenait d’outils contondants, façon coda du Boulevard de la mort de Tarantino ; mais Haroun est africain, pas américain, et le gynécée villageois ne triomphe ni ne jouit du châtiment infligé. Au contraire, ces femmes arborent un visage grave et se figent dans le silence, soudain conscientes qu’elles viennent de lyncher un homme. Tuer, même un salopard, c’est toujours une défaite : telle est la morale de ce beau film. » Serge Kaganski, Les Inrok.
Mahamat Saleh Haroun
Mahamat-Saleh Harounest un réalisateur tchadien, né en 1961 et installé en France depuis 1982. Il est célèbre pour ses films Daratt, Un homme qui crie et Grigris. Après avoir suivi des cours au Conservatoire libre du cinéma français, Mahamat Saleh Haroun intègre l’IUT de Bordeaux. Mais cinq ans après avoir travaillé dans la presse, il revient à ses premiers amours : le cinéma. Il signe son premier court-métrage Maral Tanie en 1994, primé au Festival Vues d’Afrique. 4 ans et deux autres courts-métrages plus tard, le réalisateur s’atèle à son premier long, Bye Bye Africa, doublement primé au Festival de Venise. Son deuxième film, Abouna, est réalisé en 2002. Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes, le film suit les aventures de deux frères en quête de leur père. En 2006, il réalise Daratt, qui parle de son propre pays et des conséquences de la guerre civile. (en compétition à Lumières d’Afrique en 2006). Le film décroche le Prix Spécial du Jury à la Mostra de Venise, présidée par Catherine Deneuve. En 2010, il revient à Cannes en compétition officielle pour son film Un homme qui crie. (en compétition à Lumières d’Afrique en 2010). L’année suivante, il revient sur la Croisette, cette fois-ci en tant que membre du jury, présidé par Robert de Niro. En 2013 il foule une nouvelle fois le tapis rouge de la Croisette pour présenter en compétition officielle son film Grigris. Mahamat Saleh Haroun est venu à Besançon en 2006 accompagner son documentaire Kalala.
La République des Enfants
Mardi 12 novembre à 18 h 30. Petit Kursaal.
Réalisé par Flora Gomes • Guinée-Bissau, 2011, 85 min • Avec Dany Glover, Melanie de Vales Rafael, Hedviges Mamundo, Maurice Ngwakum Akisa, Georgina Cossa.
Après un affrontement encore plus violent que les autres, tous les adultes du pays s’enfuient en laissant derrière eux les enfants. Restés seuls, les enfants s’organisent et réussissent à inventer une cité état, une démocratie utopique, là où les adultes ont échoué…
La République des enfants est une fable africaine initiatique. Africaine par son ton, son lieu et l’histoire de ce lieu. Fable initiatique parce que sous l’apparence d’un récit de fantaisie, dans le cadre d’une utopie, elle offre au spectateur un cheminement et une morale. Le thème abordé par la La République des enfants est celui-ci : Existe-t-il un ordre idéal de la vie, qu’il soit politique ou relationnel ? La problématique abordée est celle-là : Des gens que tout oppose peuvent-ils vivre ensemble dans la même société ?
Flora Gomes
Flora Gomes est un réalisateur bissau-guinéen, né le 31 décembre 1949 à Cadique, Guinée-Bissau. Formé à l’Instituto Cubano de Arte e Industria Cinematográficos (es) (ICAIC) de Cuba, puis au Sénégal au contact du cinéaste Paulin Soumanou Vieyra, Flora Gomes est l’un des principaux cinéastes de l’Afrique lusophone et l’une des signatures les plus originales du continent. Flora Gomes est né de parents pauvres, illettrés, il grandit alors que la Guinée Bissau subit le régime autoritaire du dictateur portugais Salazar. Flora Gomes soutient le mouvement de libération national conduit par Amilcar Cabral. Il quitte ensuite le pays pour étudier le cinéma à l’ICAIC à Cuba sous la direction du réalisateur cubain Santiago Alvarez. De retour en Guinée Bissau, il travaille avec Chris Marker sur son film Sans Soleil. Il réalise ensuite des documentaires, des reportages et deux courts métrages La Reconstruction et Anos no oça luta. Il réalise, en 1987 son premier long métrage, Mortu Nega. Ce film dépeint les derniers moments de la lutte de son pays pour la liberté, et les défis de l’indépendance nouvelle ; Mortu Nega est projeté au Festival de Venise 1988. Il réalise ensuite, en 1992, Les Yeux bleus de Yonta, puis Po di sangui, qui est présenté en sélection officielle au Festival de Cannes 1996. Alors qu’il pourrait choisir de travailler à l’étranger, malgré les difficultés qu’il rencontre pour produire ces films en Guinée Bissau, Flora Gomes continue à vivre et à travailler dans son pays. En 2001, il tourne au Cap-Vert une comédie musicale, sur une musique de Manu Dibango, Nha fala. Il a réalisé en 2010 un nouveau long métrage, tourné au Mozambique, La République des enfants.
L’œuvre de Flora Gomes, montre si besoin est, à quel point ses récits sont africains au sens où les pères fondateurs (Sembene Ousmane, Souleymane Cissé…) l’ont développé tant dans leurs entretiens que dans leurs films. Point de héros, point d’individus moteurs de l’histoire, mais des personnages qui parlent en tant que membres d’une communauté (urbaine ou rurale). Rien d’étonnant à cela, Flora Gomes met en scène une Afrique qui réaffirme son identité propre, qui tente de se reconstruire et veut avant tout échapper aux traumatismes de la colonisation passée. La force de l’œuvre de Flora Gomes réside dans sa clairvoyance. À petites touches, avec la discrétion dont cet homme fait preuve en toutes choses, il évoque et dénonce le terrible héritage colonial mais il sait aller plus loin que le seul discours militant. Flora Gomes, est un visionnaire, un cinéaste qui sait ne pas occulter les drames actuels de l’Afrique et relevant de la responsabilité des Africains eux-mêmes. En France, il a été fait chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres en 2000.
Malagasy Mankany/Légendes de Madagascar
Dimanche 10 novembre à 20 h 30. Petit Kursaal. En présence du réalisateur.
Réalisé par Haminiaina Ratovoarivony • Madagascar/États-Unis, 2012, 93 min • Avec Ben Elissar Chazuily, Haminiaina Ratovoarivony, Sanjy Valeska.
L’histoire de Jimi, Bob et Dylan, trois amis et étudiants en sociologie à l’Université d’Antananarivo. Lorsque le père de Jimi tombe gravement malade dans son village natal, les trois compères embarquent dans une Austin Mini et quittent la capitale en direction de la campagne profonde de Mahajanga. Au départ de leur périple, ils prennent en stop Charu, une mystérieuse et attrayante jeune indo-pakistanaise qui ne va les troubler. En marge d’une tension grandissante dans la Mini, les rencontres qu’ils font au fil de leur voyage et la dure réalité de la campagne malgache ne cessent de les mettre à l’épreuve. Arriveront-ils à temps et en entier à leur destination finale ?
Malagasy Mankany est une comédie dramatique d’aventure sur le thème de la jeunesse malgache. Sous la forme d’un road-movie, le film raconte une histoire d’amour entre trois étudiants malgaches et une jeune indo-pakistanaise. Au cours d’un voyage initiatique qui part de la capitale et se termine dans la campagne profonde de Mahajanga, le quatuor découvre leur pays et se découvrent eux-mêmes par les différentes rencontres atypiques qu’ils font. À la fin de leur périple, les protagonistes finissent par incarner les solutions clés pour sortir Madagascar du gouffre de la pauvreté. Vacillant entre conte et réalité, Malagasy Mankany offre aux spectateurs une heure trente de rires, de suspense et de réflexion. Légendes de Madagascar parle de la relation Malgache / Karana (amour/relation inter-raciale), d’argent, de religion et surtout de patriotisme.
Haminiaina Ratovoarivony
Haminiaina Ratovoarivony est un réalisateur malgache. Né à Tananarive (Madagascar) Haminiaina Ratovoarivony grandit dans le nord à Mahajanga avant de rejoindre la capitale pour suivre des études de sociologie à l’Université Ambohitsaina d’Antananarivo. Sa maîtrise en poche, il s’installe à Strasbourg (France) pour suivre un Diplôme d’université de cinéma et d’audiovisuel (DUCAV) à l’Université Marc Bloch. Suite à ces études, il réalise son premier film documentaire sur Madagascar Madame le pasteur en coproduction avec la chaîne de télévision française France 3 Alsace. Après avoir rejoint sa femme installée à Chicago (États-Unis), Haminiaina Ratovoarivony fait des allers-retours entre son pays d’accueil et son pays natal et met en place des ateliers de réalisation de courts-métrages de fiction dans les lycées malgaches de Mahajanga et Nocibé « parce qu’il ne s’y passe jamais rien » par le biais de l’association Sary Miteny. Son premier long-métrage de fiction Malagasy Mankany, entièrement autoproduit, a été sélectionné au PanAfrican Film Festival de Los Angeles (États-Unis), au Fespaco (Burkina Faso) ainsi qu’à la 14è édition des Cinémas d’Afrique d’Angers (France), où il a remporté le Prix du long-métrage du Jury Jeune 2013. Haminiaina s’est donné comme mission de créer une nouvelle vague du cinéma malgache et de donner un nouveau sens au label.
Mort à vendre
Jeudi 14 novembre à 17 h 40. Cinéma Victor Hugo.
Réalisé par Faouzi Bensaïdi • Belgique/France/Maroc/Émirats Arabes Unis, 2011, 117 min • Avec Fehd Benchemsi, Fouad Labied, Mouchcine Malzi.
À Tétouan, petite ville portuaire du nord du Maroc. Malik, Soufiane et Allal, trois amis inséparables habitués aux petits délits, rêvent d’une vie meilleure, de perspectives de liberté, d’amour, de foi et d’argent. Malik, 26 ans, est fou amoureux de Dounia qu’il veut faire sortir de la prostitution. Allal, 30 ans, veut devenir un baron de la drogue. Quant à Soufiane, 18 ans, il alimente sa colère en voulant se venger de la société qui l’étouffe chaque jour de plus en plus. N’ayant rien à perdre, les trois petits délinquants décident un jour de cambrioler la plus grande bijouterie de Tétouan. Mais bientôt les raisons du vol vont les opposer…
Dressant un tableau vaste et varié de la vie d’une petite ville de la côte nord marocaine, Tétouan, et par extension de quasiment tout le pays, le troisième film de ce cinéaste déjà remarqué conjugue un filmage inspiré – emploi inspiré et maîtrisé du décor urbain, capté avec adresse et vitalité –, et une peinture complexe d’une société. Le tout vu à travers les yeux de trois petits voyous glandeurs, Malik, Allal et Soufiane, qui peinent à atteindre leurs rêves de grandeur mafieuse (au-delà du vol de sac à main), visant à devenir des dealers respectés. Cette ambition, vite déçue, les emmène sur des terrains accidentés voire minés. Malik, amoureux d’une belle prostituée, tente de se ranger en devenant indic ; Soufiane glisse sur la pente savonneuse de l’intégrisme; le troisième, sorti de prison, prépare un « gros coup ». D’où un récit mouvementé, fracturé et plein de revirements, au gré de ceux des personnages, avec leurs volte-face, leurs conflits et leurs réconciliations. L’œuvre nuancée fuit tout moralisme, montrant que chaque situation a son envers et que chaque lien est relatif. Sa force est de ne pas vouloir « faire polar » à tout prix (la place de la police dans le récit est assez succincte), ni de bluffer avec des séquences musclées, – quoique le film soit d’un dynamisme épatant, reposant sur un grand sens chorégraphique –, mais de faire déborder la vraie vie de toutes parts. C’est un film de genre qui englobe le réel, les à-côtés triviaux, la famille, très loin de la mécanique à l’américaine (ou alors celle des premiers Scorsese, justement, qui donnaient autant de place à la vie, à la ville qu’à l’action). Un film noir social, si l’on veut, qui se déploie tant sur le front du romantisme amoureux, auquel il se donne sans retenue, le temps de quelques séquences, que sur celui du monde du travail – la sœur de Malik travaille à l’usine –, comme du côté du lâcher-prise débridé (amitié et biture).
Faouzi Bensaïdi
Né à Meknès, au Maroc, le 14 mars 1967. Il fait ses études à l’Institut d’Art Dramatique et d’Animation Culturelle (ISADAC) de Rabat, puis s’installe en 1995 à Paris où il suivra une formation d’acteur au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. Il participe à plusieurs ateliers de théâtre à Rabat et devient comédien. Il apparaît, entre autres, dans le long métrage de fiction de Jillali Ferhati, Tresses. Par ailleurs, il a participé à l’écriture du scénario du film d’André Téchiné, Loin, tourné au Maroc. Faouzi Bensaïdi a mis en scène plusieurs pièces de théâtre ainsi que de nombreux courts métrages : La falaise en 1998 qui sera présentée à la Biennale de Cinéma à l’Institut du Monde Arabe de Paris et recevra au total 23 prix, Trajets et Le mur en 2000. Son premier long métrage Mille mois est sorti en 2003 et a été doublement primé au festival du Cinéma de Cannes avec le prix Premier regard et celui du Ministère français de la jeunesse. Le film est distribué dans une dizaine de pays. Par ailleurs, Faouzi a joué dans différents films comme Mektoub de Nabil Ayouch, Le cheval de Vent de Daoud Aoulad-Syad. What a Wonderful World (2006) est son deuxième long métrage et Mort à Vendre (2012) son troisième long-métrage.
O Grande Kilapy/The great Kilapy
Lundi 11 novembre à 19 h 50. Cinéma Victor Hugo.
Réalisé par Zeze Gamboa • Angola/Brésil/Portugal, 2012, 100 min • Avec Lázaro Ramos, Pedro Hossi, João Lagarto, Adriana Rabelo, Patrícia Bull, Hermila Guedes, Sílvia Rizzo, São José Correia, Pedro Carraca, Alberto Magassela, José Pedro Gomes.
Le Grand Kilapy a pour décor les dernières années de la colonisation portugaise (1960-1974). À travers l’humour caractéristique du quotidien des habitants de la ville de Luanda, cette farce dramatique raconte l’histoire de Joãozinho, basée sur des faits réels et commentée de manière ironique. Il présente une lecture contemporaine sur la complexité du processus colonial, ses valeurs, sa décadence, mais aussi sur certains gestes et attitudes qui marquent encore la société angolaise actuelle. Beau gosse, beau parleur et doté d’un charme fou, Joãozinho a tout pour séduire les femmes. Et il en profite. Envoyé par ses parents pour étudier à Lisbonne, il ne veut rien savoir de la politique. Malgré la dictature de ces années 1960, il mène une vie douce peuplée de fêtes arrosées et d’escapades amoureuses. À la maison des étudiants, il se retrouve, malgré lui, au cœur du mouvement révolutionnaire pour la libération de l’Angola (MPLA). Sans le vouloir, Joãozinho participe à sa manière à la lutte pour l’indépendance et l’égalité. En tant que Noir, il roule dans les plus belles bagnoles, couche sans complexes avec les femmes blanches tant désirées par les Portugais. Et tant pis si c’est la fille d’un ministre… Bien sûr, il ne sortira pas indemne de cette soif de jouissance. N’empêche, avec galanterie, il brave les interdits, enchaîne les tromperies (d’où le titre « Kilapy » qui signifie « arnaque ») et les histoires d’amour qui ébranleront le système de valeurs des colonialistes.
Zézé Gamboa
Réalisateur, scénariste et producteur angolais. Il est né à Luanda (Angola) en 1955. Il a travaillé pour la télévision angolaise de 1974 à 1980 et a fait son premier documentaire (Mopiopio) en 1991. L’histoire tourmentée de l’Angola est la source d’inspiration du réalisateur. Après plusieurs années comme réalisateur à la télévision public, celui ci s’est consacré aux documentaires comme Breath of Angola (1991), Dissidence (1998), Burned by Blue (1999) et O Desassossego de Pessoa (1999). Un Héros (2004), son premier film de fiction, a obtenu le prix de la première œuvre cinématographique à la 20è session des Journées Cinématographiques de Carthage (Tunis, du 1er au 9 octobre 2004).
Rumeurs de guerre
Samedi 9 novembre à 20 h 30. Petit Kursaal. • Cérémonie d'ouverture. En présence de la réalisatrice et Mohamed Ag Abdoulaye acteur principal.
Réalisé par Soussaba Cissé • Mali, 2012, 104 min, bambara ST français • Avec Boucary Ombotimbé (Soul), Mohamed Ag Abdoulaye Haïdara (Aziz), Mme Cissé Laïla Sakiliba (Maman), Ibrahim Ag Abdoulaye Haïdara (frère d’Aziz), Aïchata B. Maïga (bonne).
Souleymane Touré, alias « Soul », 26 ans est animateur dans une radio de Tombouctou. Il a été laissé pour mort par les terroristes occupant le nord du Mali pour avoir motiver les jeunes du nord à leur résister. Un voyageur en route pour Bamako lui porte secours et le conduit à l’Hôpital où il recevra des soins. Son histoire fait le tour du Mali, les médias internationaux en parlent et Soul réalise qu’il peut se servir de cette mésaventure pour aider dans le sens de la sortie de crise, de la réconciliation. « Ngunu Ngunu kan » est son témoignage, enrichi de nombreux autres, pour que la vérité soit dite pour que le Mali ne connaisse plus jamais la crise qu’il traverse actuellement.
Sessi
Mardi 12 novembre à 21 h. Petit Kursaal.
Réalisé par d’Elvire Annick Adjamonsi • Bénin, 2013, VOST français, 84 min.
Jeune garçon de 14 ans, Bidosessi (tout est entre les mains de Dieu), est plus volontiers appelé par son diminutif Sessi. Un jeune adolescent, élève de la classe de quatrième, qui comprend déjà certaines réalités de la vie. Orphelin de père, Sessi vit avec sa mère, à qui il voue un amour profond. Mais le pauvre garçon souffre énormément en assistant à un défilé d’hommes dans leur maison. À cette souffrance sourde et silencieuse, viendra bientôt s’ajouter une autre, autrement plus aigüe. Non, Sessi n’avait pas imaginé qu’il allait devoir se séparer de sa mère. Encore moins que cette femme qui lui a donné la vie et qu’il aimait par-dessus tout l’enverrait ainsi vivre loin d’elle, brusquement et sans aucune explication.
Coproduit par Abissa Production (Côte d’Ivoire) et African@rt-inter (Bénin), Sessi, long-métrage de fiction écrit et réalisé par la Béninoise Elvire Annick Adjamonsi, aborde avec hauteur la problématique du respect des droits de l’enfant, et notamment ici du droit à l’information. Il lui aura fallu presqu’une décennie de patience, de travail et d’abnégation pour enfin arriver à ses fins. Ce film, Elvire Annick Adjamonsi l’a rêvé, caressé, nourri de ses multiples rencontres et échanges, enrichi des expériences des ateliers d’écriture auxquels elle a participé depuis 2004. Finalement, c’est au bout de 9 longues années que ce projet filmique est devenu une réalité. La sortie de Sessi en mars dernier sonne ainsi comme la rançon du courage et de la détermination de cette jeune femme, qui n’a pas baissé les bras face à l’adversité, allant au bout de ses efforts pour raconter, sur le grand écran, mais aussi sur les petits écrans, cette histoire qui lui tenait tant à cœur. Au-delà de la trame de cette histoire émouvante, la réalisatrice a surtout voulu mettre en relief le fait que bien souvent, dans les familles africaines, « soit l’enfant est mal compris, soit les parents sont mal compris par l’enfant ». En l’occurrence, le questionnement ne manque pas de pertinence : « Que dire ou cacher à l’enfant ? A quel moment lui révéler certaines vérités ? À quel âge l’enfant doit-il pouvoir comprendre le sens de certaines choses dans la vie ? Quel type de relation doit unir l’enfant à ses parents ? »
Elvire Annick Adjamonsi
Née à Porto-Novo, la capitale du Bénin, Elvire Annick Adjamonsi, 42 ans, a roulé sa bosse dans plusieurs manifestations culturelles et filmographiques. Au terme de sa formation en communication et techniques audiovisuelles à l’Institut panafricain pour le développement de l’Afrique de l’Ouest (Ouagadougou, Burkina-Faso) en 1996, elle a cumulé plusieurs expériences professionnelles. Réalisatrice à la chaîne de télévision LC2 entre 1998 et 2001, informaticienne et graphiste à ses heures, elle a également collaboré à la rédaction de plusieurs journaux aussi bien au Bénin qu’à l’extérieur. Gestionnaire des associations et projets culturels, elle a managé, en 2009, la deuxième édition des Rencontres internationales de court-métrage du Bénin (@fricourt) à Cotonou. Avant de poser ses balises à Pointe-Noire, au Congo, où elle fut notamment chargée de l’administration de la septième édition du festival N’Sangu Ndji Ndji. En dehors de plusieurs émissions télé, elle a écrit et réalisé un court-métrage de fiction intitulé La maudite, ainsi qu’un mini documentaire sur le Tolègba. Avec la sortie de Sessi, son premier long-métrage de fiction, Elvire Adjamonsi, qui entre de fort belle manière dans le cercle des réalisateurs à découvrir, vient de gagner une première victoire au bout d’un véritable parcours du combattant. En attendant qu’il marque les critiques dans les festivals en Afrique et en Europe, Sessi sera diffusé bientôt sur les chaînes de télévision nationales des pays francophones.
Virgem Margarida
Mercredi 13 novembre à 20 h. Petit Kursaal.
Réalisé par Licinio Azevedo • Mozambique, 2012, 87 min • Avec Sumeia Maculuva, Iva Mugalela.
1975, le Mozambique renaît. La jeune révolution nettoie les rues de la capitale de ses prostituées et de ses lupanars. Elles sont envoyées dans des camps de rééducation au nord du pays où elles devront devenir des femmes neuves. Margarida, une enfant de 16 ans, encore vierge, est embarquée par erreur…
On a rarement l’occasion de voir un film venant du Mozambique. C’est même très rare. Et c’est avec curiosité qu’il faut voir ce film. Un film surprenant par sa forme et par son récit partagé entre deux sujets assez bien reliés. Il s’apparente comme une série B. Il ne faut pas prendre tout ce qui est raconté au pied de la lettre et voir les séquences avec recul. Et parfois avec amusement, avec une pointe d’humour insérée par-ci par-là. Nous avons le droit ici à un film qui fait preuve d’une grande énergie, et très vif. Digne des meilleures séries B, on voit que le réalisateur ne se refuse rien et va aussi loin qu’il le veut ou même qu’il en a besoin. Sans aucun tabou, ce film s’inscrit dans les films qui montrent un fait sans dénoncer. Un point de vue bien caché entre la liberté et le respect de soi-même mais avant tout un film qui fait place au fun.
Critiques
« La vie en communauté est privilégiée dans cette « prison ». Apprendre à vivre ensemble, à s’entendre les uns les autres pour mieux vivre. C’est une cassure nette avec le passé de colonisation mais c’est aussi une leçon de socialisme. Bien qu’il y ait des supérieurs qui nous soumettent des règles et des lois, il faut apprendre à vivre tous ensemble pour rendre un monde meilleur à nos prochains. À l’instar de certains films qui sont de vrais trains fantômes, ce film nous met à l’aise un instant pour être cruel envers ses personnages l’instant d’après. Et savoir faire cela relève d’une parfaite maitrise du genre que l’on met en boîte. Et le mieux au cinéma, c’est quand quelques genres, comme ici, ou plusieurs sont mélangés pour ne former qu’un seul film unique. Finalement, La Vierge Margarida est un film qui porte haut les couleurs du Mozambique. Le cinéaste brésilien Licínio Azevedo a merveilleusement su jouer avec son récit pour le transformer en série B. À la fois politique et film « prison », il n’oublie pas d’être amusant et agréable à voir. En quête de liberté mais aussi d’une vie meilleure après un passé de colonisés à oublier, les personnages de ce film nous montre que vivre tous ensemble est possible. » Teddy, Le blog du cinéma
Récompenses
- Prix du Meilleur Second Rôle Féminin pour Iva Mugalela a Carthage JCC (Tunisie 2012)
- Prix du public au festival d’Amiens» (France 2012)
- Mention du Jury Signis pour sa valeur humanitaire Festival d’Amiens (France 2012)
- Prix du public au Festival Cinémas d’Afrique d’Angers (France 2013)
- Prix du Meilleur Second Rôle Féminin aux Awards Movie Academy pour Hermelinda Simela (Afrique 2013)
- Prix de la Communication interculturelle au Festival International Vues d’Afrique (Canada 2013)
- Meilleure Actrice pour Iva Mugalela au Festival International Vues d’Afrique (Canada 2013)
Licínio Azevedo
Licínio Azevedo, né à Porto Alegre en 1951, est un cinéaste et un écrivain brésilien. Il a fait ses premiers pas en Afrique en suivant les guerres de libération, d’abord en Guinée, puis au Mozambique, où il s’établit en 1975. Ecrivain, il témoigne de ces guerres dans Relatos do Povo Armado (Rapports du Peuple Armé), en deux volumes, regroupés plus tard en un seul sous le nom de Coração Forte (Cœur Fort). La guerre du Nord du Mozambique est également le sujet de son roman Comboio de Sal e Açúcar (Train de sel et de sucre). Il participe aux expériences de formation en cinéma organisées par Ruy Guerra et Jean-Luc Godard à l’Institut National de Cinéma du Mozambique. Il travaille au sein de la société de production Ebano Multimedia dont il est un des co-fondateurs. Plusieurs de ses nombreuses productions ont été récompensées par des prix dans plusieurs festivals de par le monde.
Yéma
Dimanche 10 novembre à 17 h 40. Cinéma Victor Hugo.
Réalisé par Djamila Sahraoui • Algérie, 2012, 90 min • Avec Djamila Sahraoui, Samir Yahia, Ali Zarif…
Une petite maison abandonnée, isolée dans la campagne algérienne. Ouardia y revient, après des années d’absence, pour enterrer son fils Tarik, militaire. Ouardia soupçonne son autre fils, Ali, dirigeant d’un maquis islamiste, de l’avoir tué. Dans cet univers figé par la sécheresse, la vie va peu à peu reprendre ses droits. Grâce au jardin que Ouardia fait refleurir à force de courage, de travail et d’obstination. Grâce au gardien, peu à peu adopté par Ouardia. Grâce surtout à l’arrivée d’un nouveau né. Mais Ouardia n’est pas au bout de ses épreuves. Ali, le maudit, revient, grièvement blessé…
Critiques presse
« Un fils mort, sa mère inconsolable, un gardien, un autre fils maudit… Le théâtre de cette tragédie antique est une maison isolée, plantée sur la terre caillouteuse d’Algérie. Yema s’ouvre sur le lent et douloureux effort fourni par la mère pour enterrer son enfant. Presque sans dialogues, en plans larges embrassant les corps au travail et la végétation renaissant au fil des saisons, la réalisatrice (et actrice principale) conte un monde âpre, une guerre fratricide, l’impensable pardon et la possibilité de la vie. Un film exigeant et scotchant. » — Isabelle Danel, Première
« Un fils mort, sa mère inconsolable, un gardien, un autre fils maudit… Le théâtre de cette tragédie antique est une maison isolée, plantée sur la terre caillouteuse d’Algérie. Yema s’ouvre sur le lent et douloureux effort fourni par la mère pour enterrer son enfant. Presque sans dialogues, en plans larges embrassant les corps au travail et la végétation renaissant au fil des saisons, la réalisatrice (et actrice principale) conte un monde âpre, une guerre fratricide, l’impensable pardon et la possibilité de la vie. Un film exigeant et scotchant. » — Sandrine Marques, Le Monde
Djamila Sahraoui
Née en Algérie en 1950, elle a étudié la littérature à Alger. Après ses études de lettres à Alger, Djamila Sahraoui a obtenu le diplôme de l’IDHEC, section réalisation et montage. Elle a été par ailleurs lauréate de la Villa Médicis Hors les Murs. Elle a réalisé plusieurs documentaires récompensés dans divers festivals. Brillante documentariste, Barakat ! (2006), son premier long-métrage de fiction, lui vaut tous les honneurs : elle rafle trois prix au Fespaco 2007 (Festival panafricain, Burkina Faso) : prix Oumarou Ganda de la meilleure première œuvre, prix du meilleur scénario et prix de la meilleure musique. Elle a également reçu le prix du meilleur film arabe à la 30è édition du Festival international du Caire (Égypte) et ainsi que celui du meilleur film africain au 16è Festival du cinéma d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, à Milan (Italie). Elle a obtenu plus de 11 prix dans divers festivals, dont Dubaï… En 2008, elle commence à développer son second long-métrage de fiction, Ouardia avait deux enfants qui fera sa première mondiale à Venise (2012) sous le titre de Yema (Ma mère, en arabe). Avec ce nouveau film, Djamila décroche le Prix de la Critique (FIPRESCI Award) au Festival de Dubai 2012. Elle y tient le premier rôle.