Mort à vendre
Jeudi 14 novembre à 17 h 40. Cinéma Victor Hugo.
Réalisé par Faouzi Bensaïdi • Belgique/France/Maroc/Émirats Arabes Unis, 2011, 117 min • Avec Fehd Benchemsi, Fouad Labied, Mouchcine Malzi.
À Tétouan, petite ville portuaire du nord du Maroc. Malik, Soufiane et Allal, trois amis inséparables habitués aux petits délits, rêvent d’une vie meilleure, de perspectives de liberté, d’amour, de foi et d’argent. Malik, 26 ans, est fou amoureux de Dounia qu’il veut faire sortir de la prostitution. Allal, 30 ans, veut devenir un baron de la drogue. Quant à Soufiane, 18 ans, il alimente sa colère en voulant se venger de la société qui l’étouffe chaque jour de plus en plus. N’ayant rien à perdre, les trois petits délinquants décident un jour de cambrioler la plus grande bijouterie de Tétouan. Mais bientôt les raisons du vol vont les opposer…
Dressant un tableau vaste et varié de la vie d’une petite ville de la côte nord marocaine, Tétouan, et par extension de quasiment tout le pays, le troisième film de ce cinéaste déjà remarqué conjugue un filmage inspiré – emploi inspiré et maîtrisé du décor urbain, capté avec adresse et vitalité –, et une peinture complexe d’une société. Le tout vu à travers les yeux de trois petits voyous glandeurs, Malik, Allal et Soufiane, qui peinent à atteindre leurs rêves de grandeur mafieuse (au-delà du vol de sac à main), visant à devenir des dealers respectés. Cette ambition, vite déçue, les emmène sur des terrains accidentés voire minés. Malik, amoureux d’une belle prostituée, tente de se ranger en devenant indic ; Soufiane glisse sur la pente savonneuse de l’intégrisme; le troisième, sorti de prison, prépare un « gros coup ». D’où un récit mouvementé, fracturé et plein de revirements, au gré de ceux des personnages, avec leurs volte-face, leurs conflits et leurs réconciliations. L’œuvre nuancée fuit tout moralisme, montrant que chaque situation a son envers et que chaque lien est relatif. Sa force est de ne pas vouloir « faire polar » à tout prix (la place de la police dans le récit est assez succincte), ni de bluffer avec des séquences musclées, – quoique le film soit d’un dynamisme épatant, reposant sur un grand sens chorégraphique –, mais de faire déborder la vraie vie de toutes parts. C’est un film de genre qui englobe le réel, les à-côtés triviaux, la famille, très loin de la mécanique à l’américaine (ou alors celle des premiers Scorsese, justement, qui donnaient autant de place à la vie, à la ville qu’à l’action). Un film noir social, si l’on veut, qui se déploie tant sur le front du romantisme amoureux, auquel il se donne sans retenue, le temps de quelques séquences, que sur celui du monde du travail – la sœur de Malik travaille à l’usine –, comme du côté du lâcher-prise débridé (amitié et biture).
Faouzi Bensaïdi
Né à Meknès, au Maroc, le 14 mars 1967. Il fait ses études à l’Institut d’Art Dramatique et d’Animation Culturelle (ISADAC) de Rabat, puis s’installe en 1995 à Paris où il suivra une formation d’acteur au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. Il participe à plusieurs ateliers de théâtre à Rabat et devient comédien. Il apparaît, entre autres, dans le long métrage de fiction de Jillali Ferhati, Tresses. Par ailleurs, il a participé à l’écriture du scénario du film d’André Téchiné, Loin, tourné au Maroc. Faouzi Bensaïdi a mis en scène plusieurs pièces de théâtre ainsi que de nombreux courts métrages : La falaise en 1998 qui sera présentée à la Biennale de Cinéma à l’Institut du Monde Arabe de Paris et recevra au total 23 prix, Trajets et Le mur en 2000. Son premier long métrage Mille mois est sorti en 2003 et a été doublement primé au festival du Cinéma de Cannes avec le prix Premier regard et celui du Ministère français de la jeunesse. Le film est distribué dans une dizaine de pays. Par ailleurs, Faouzi a joué dans différents films comme Mektoub de Nabil Ayouch, Le cheval de Vent de Daoud Aoulad-Syad. What a Wonderful World (2006) est son deuxième long métrage et Mort à Vendre (2012) son troisième long-métrage.