Films hors compétition
L’équipe des programmateurs de longs-métrages de fiction propose trois films en hors compétition cette année. Les histoires sensibles racontées et les thèmes abordés nous montrent un autre visage de l’Afrique. L’équipe a aussi validé le second long-métrage de Hicham Ayouch qui est présenté en avant-première. Hicham Atouch est le frère de Nabil Ayouch, qui a gagné à Besançon en 2012 avec Les Chevaux de Dieu.
Soleils
Jeudi 6 novembre à 16 h. Petit Kursaal.
Réalisé par Olivier Delahaye, Dani Kouyaté • France/Burkina Faso, 2014, 1 h 10 • Avec Binda Ngazolo, Nina Melo, Rufus.
Soleils est un road movie dans lequel s’enchevêtrent plusieurs histoires. « Le personnage principal, révèle l’artiste, est une jeune fille amnésique guidée par un vieillard dans un voyage initiatique traversant les époques, du XIIe au XXIe siècle. » Un vieillard qui, à l’origine, devait être interprété par son père, le magistral Sotigui Kouyaté. Écrit par son ami Olivier Delahaye, le scénario était fait à la mesure du personnage. Mais entre-temps, la mort a frappé, un triste jour d’avril 2010, « comme un coup de marteau asséné à ceux qui l’aimaient » , se souvient douloureusement son fils et partenaire. « Mon père était mon complice de travail, s’exclame-t-il. Nous avons joué ensemble jusqu’à sa dernière scène, jusqu’à ce qu’il la quitte. Ma première école, c’était mon père, j’ai appris auprès de lui jusqu’à sa mort. »
Critiques
« Pour Soleils, Barbara Hendricks a chanté un gospel écrit pour elle, A long walk to freedom: Un conte onirique, sur la perte de notre mémoire culturelle africaine en remontant l’histoire à travers des personnages emblématiques comme Soundjata, Mandela tout relevant que certains « soleils » tels que les Voltaire, Hegel et autres lumières d’Occident avaient des vues très déformantes sur l’Homme Noir. » Africiné, Emmanuel Sama
Dani Kouyaté
Né en 1961 à Bobo-Dioulasso, dans le sud-ouest du Burkina, Dani a été élevé dans la tradition griotique. Loin du cliché de la louange inconditionnelle, cette dernière englobe, outre la fonction, bien partielle, de généalogiste, celle du conciliateur, du conteur, du transmetteur de la loi et des valeurs. Auprès de son père donc, le fils a appris, sans négliger l’école. Son diplôme d’études approfondies de cinéma obtenu à l’université Paris 8 Saint-Denis, Dani Kouyaté a rejoint la troupe familiale La Voix du griot, créée par Sotigui. De 1990 à 1996, il y a exercé l’art de la narration, qu’il a transmis sur le continent et en Europe. Parallèlement, il a tourné ses premiers courts métrages : Bilakoro (1989), Tobbere Kossam (Poussière de lait, 1991), Les Larmes sacrées du crocodile (1992). Les thématiques abordées sont variées : l’enfance, la vie rurale, ou encore la question environnementale. Ce n’est que deux ans plus tard qu’est sorti son premier long métrage, Keïta ! L’héritage du griot, qui lui a valu une reconnaissance dans le milieu du cinéma et de nombreuses distinctions (prix de la première œuvre au Fespaco 1995, grand prix Cannes junior la même année). « Chaque film est un combat pour moi, et chaque sortie une victoire ! » commente le réalisateur à l’éternelle barbichette. À chaque fois, il lui faut retrouver de l’énergie pour écrire, chercher des financements, repérer des acteurs, tout en s’investissant dans le théâtre. Dernièrement, il a mis en scène Ombres d’espoir, une pièce sur l’immigration présentée lors du festival Les Récréâtrales à Ouagadougou.
Olivier Delahaye
Olivier Delahaye est un réalisateur français. Il est producteur, avec sa société Odélion (Paris), de La caméra de bois (par Ntshavheni Wa Luruli, 2004, Afrique du Sud), coproducteur de Nothing but the truth par John Kani (2008, Afrique du Sud).
Kinshasa Kids
Samedi 8 novembre à 13 h 45. Cinéma Victor Hugo.
Réalisé par Marc-Henri Wajnberg • Congo/Belgique, 2012, 1 h 25, VOSTF.
Huit enfants des rues, considérés comme sorciers par leurs familles, montent un groupe de musique pour déjouer le sort et reprendre le contrôle de leurs vies. Aidés par Bebson, musicien allumé qui s’improvise manager, ils feront vibrer la ville !
Critiques
« Dans Kinshasa Kids, le Belge Marc-Henri Wajnberg invente une fiction survoltée sur des « enfants sorciers » sauvés de la rue par un musicien lunaire et excentrique. » Libération, Maria Malagardis
« Le plus grand mérite de Kinshasa Kids ne réside cependant pas dans ces jeux de mise en scène certes habiles, mais bien dans son approche de l’histoire humaine qu’il raconte par ce biais. Il faut apprécier ce respect, ce mélange de pudeur et d’absence de complaisance ou de posture hiérarchique (bienveillance, moralisme, ce genre de rapport douteux), avec lesquels Wajnberg filme ces enfants tentant, avec l’aide de quelques adultes, de transformer leurs galères individuelles parfois extrêmes (la fille du groupe, 12 ans, a connu la prostitution) en destin commun, puis en cahoteuse success-story dont les aléas déjouent nos attentes de clichés. » Critikat.com, Benoît Smith
Marc-Henri Wajnberg
Marc-Henri Wajnberg est un réalisateur belge né en 1953. Il est également scénariste, comédien et producteur. Il a réalisé plus de 2700 courts et très courts métrages, des documentaires et deux longs métrages : Just Friends, en 1995 et Kinshasa Kids en 2012. Il a enseigné entre 1994 et 1995 à l’école internationale de cinéma (EICTV) de La Havane, à Cuba.
Fièvres
Samedi 15 novembre à 18 h. Cinéma Victor Hugo.
Réalisé par Hicham Ayouch • France, 2013, 1 h 30, français • Avec Didier Michon, Slimane Dazi, Farida Amrouche.
Benjamin, 13 ans est un petit soldat en guerre contre la vie, contre les adultes, contre lui-même. Gamin tourmenté, écorché vif, il fait des allers et retours en foyer depuis qu’il a cinq ans. Un jour, sa mère va en prison, elle révèle à Benjamin qu’il a un père. Pour Benjamin, l’objectif est simple : quitter le foyer. Alors quand les assistantes sociales lui donnent le choix, il décide d’aller vivre chez ce père inconnu. Son père, Karim Zeroubi est un homme d’une quarantaine d’années, manutentionnaire à la mairie, il vit chez ses parents en banlieue parisienne. Karim est un homme cassé, qui n’a jamais décollé de la cité, il se contente de vivre, ou plutôt d’attendre la mort. L’arrivée de Benjamin va complètement bouleverser la vie de son père et de toute cette famille, sa violence, son extrême fragilité fait peur à sa nouvelle famille qui ne sait pas par quel bout le prendre. Le gamin, véritable tourbillon émotionnel va réveiller ses grands-parents Kader et Zohra qui vivent dans le deuil depuis des années. Au hasard de ses déambulations dans la cité, Benjamin croise Claude, un poète qui vit dans une cara- vane perdue sur un terrain vague. Leur relation est faite d’échanges surréalistes et poétiques, ce sont tous les deux des artistes. Peu à peu, Benjamin va s’ouvrir au monde, s’ouvrir à sa famille, mais surtout se révéler à lui-même, donc à son art. Et puis, il y a aussi tous les habitants du quartier qui rayonnent autour de cette famille. Nounours, le gardien de la tour, ami de Karim, qui lui aussi n’a jamais quitté la cité et porte un lourd secret. M.Tedddy, vieil Antillais raciste qui n’aime pas les Africains et leur jette des sacs de merde dessus. Et puis, il y a un autre personnage très présent, la Cité, cette barre de béton porte en elle, les espoirs déchus, les douces complaintes, mais aussi les rires et les rêves de tous ses habitants.
Récompenses
- Prix du Scénario pour Aicha Yacoubi et Hicham Ayouch au Festival du Film d’Alexandrie
- Prix d’interprétation pour Didier Michon au Festival du Film d’Alexandrie
- Double prix d’interprétation pour Slimane Dazi et Didier Michon au Festival International du film de Marrakech 2013
- Mention spéciale pour Didier Michon au Festival National du Film de Tanger 2014
- Nomination au Trophée francophone du Meilleur second rôle féminin pour Farida Amrouche au Trophée Francophone du Cinéma 2014
Hicham Ayouch
Hicham Ayouch, né le 30 juin 1976 à Paris au départ journaliste, est un scénariste et réalisateur franco-marocain. Nabil Ayouch, qui l’a précédé dans l’univers du cinéma, est son frère aîné • Hicham Ayouch journaliste de 1999 à 2004, notamment pour France 3 National, Canal+, RFO et TF12. C’est alors qu’il a fait ses premières armes de réalisateur, en particulier pour l’émission Les Maternelles sur France 5 (2002). En 2003, il se forme à la prise de vue à l’école de l’image Gobelins, puis part au Maroc comme correspondant pour TV5 et TF1. Dès 2004, il réalise plusieurs films publicitaires et institutionnels, notamment pour la Fondation Mohammed V pour la solidarité (2005). En 2005, il tourne Les Reines du Roi, un documentaire télévisé sur le nouveau statut de la femme au Maroc. Un an après, il signe son premier long métrage de fiction, Tizaoul (Les Arêtes du Cœur), coécrit avec Hisham Lasri et Abdellah Abalou • C’est avec son deuxième long métrage de fiction qu’il gagne une renommée internationale : sorti en 2009, Fissures est applaudi dans les festivals européens avant d’être projeté au Museum of Modern Art de New-York et à la Tate Modern de Londres. En 2013, réalise un nouveau long métrage de fiction, Fièvres, qui porte sur les délicates relations d’un père et de son fils dans une cité française, et a valu aux deux acteurs principaux, Slimane Dazi (le père) et Didier Michon (le fils), d’obtenir le prix de la meilleure interprétation masculine lors de la 13e édition du Festival international du film de Marrakech.