Films en competition
W.A.K.A. (WAKA)
Samedi 8 novembre à 20 h 30. Soirée d’ouverture, en présence de la réalisatrice. Petit Kursaal.
Réalisé par Françoise Ellong • Cameroun/France, 2013, 1 h 37 • Avec Edimo Dikobo, Alain Bomo Bomo, Jacobin Yarro, Patricia Bakalack, Yoli Fuller, Bruno Henry, Franck Ateh.
Mathilde, la trentaine, est une femme seule abandonnée par les siens et souvent livrée à elle-même. Serveuse dans un bar, Mathilde voit sa vie basculer le jour où son Patron apprend qu’elle est enceinte et donc en ce qui le concerne, inapte à travailler plus longtemps dans son enseigne. Dès lors qu’elle décide de garder cet enfant malgré tout, s’ensuit pour elle une véritable descente aux enfers…
L’histoire de W.A.K.A est d’abord celle d’une mère prête à tout pour subvenir aux besoins de son enfant et préserver la pureté et l’innocence de celui-ci. En choisissant de confronter cette femme à l’univers de la prostitution, le but est clairement de la mettre dans une position jugée dégradante au regard de la société, afin de montrer au mieux sa force et son combat en tant que mère. Au delà de ce que ce barbarisme évoque spécifiquement aux Camerounais, la lecture du titre doit être faite sous la forme d’un acronyme. Ainsi, W.A.K.A dans ce contexte, bien que référant à l’univers global de la prostitution, signifie Woman Acts for her Kid Adam. Après plusieurs courts-métrages réalisés entre Paris et Londres (dont les thèmes sont : le Suicide, le Surnaturel, le Nazisme, les Violences conjugales), la jeune réalisatrice Française d’origine Camerounaise Françoise Ellong a décidé pour ce premier long-métrage, de poser sa caméra dans la ville qui l’a en partie vu grandir. L’aventure est à son image, portée à l’international et placée sous le signe d’un métissage franco-camerounais et ce à tous les niveaux (casting, production…).
Françoise Ellong
Le 8 février 1988, Françoise Ellong naît dans la ville de Douala au Cameroun. Dès lors qu’elle apprend à écrire, son sens de l’imagination se révèle peu à peu à sa famille. À 11 ans, elle arrive dans la petite ville de Brunoy où elle vit avec son oncle. C’est dans ce nouveau chez elle, qu’elle écrit sa première histoire et surprend son entourage de mains liés, bras arrachés, et de monstres dans les placards ou sous le lit. À partir de 2002, elle participe au concours du jeune écrivain francophone, qui, au bout de quelques années, la redirige vers le scénario : son écriture est trop imagée. L’année 2006 est celle de ses premiers essais en tant que scénariste, mais également réalisatrice. Une véritable révélation pour elle, car depuis, elle n’a plus cessé d’écrire et de tourner… Auteure du roman Journal intime d’un meurtrier (2008), publié aux Éditions Publibook. Inscrite au Master Cinematography and Postproduction à l’Université de Greenwich à Londres. WAKA est son premier long-métrage de fiction.
Timbuktu
Jeudi 13 novembre à 21 h 00. Accompagné par l’acteur Abel Jafri. Cinéma Victor Hugo.
Réalisé par Abderrahmane Sissako • France, 2014, 1 h 40, VOSTF • Avec Ibrahim Ahmed Pino, Toulou Kiki, Abel Jafri, Fatoumata Diawara.
Non loin de Tombouctou tombée sous le joug des extrémistes religieux, Kidane mène une vie simple et paisible dans les dunes, entouré de sa femme Satima, sa fille Toya et de Issan, son petit berger âgé de 12 ans. En ville, les habitants subissent, impuissants, le régime de terreur des djihadistes qui ont pris en otage leur foi. Fini la musique et les rires, les cigarettes et même le football… Les femmes sont revenues des ombres qui tentent de résister avec dignité. Des tribunaux improvisés rendent chaque jour leurs sentences absurdes et tragiques. Kidane et les siens semblent un temps épargnés par le chaos de Tombouctou. Mais leur destin bascule le jour où Kidane tue accidentellement Amadou le pêcheur qui s’en est pris à “GPS” sa vache préférée. Il doit alors faire face aux nouvelles lois de ces occupants venus d’ailleur…
Critiques
« Nous sommes donc à Tombouctou : la ville, peu à peu, est conquise par les membres de la « police islamique » (comme l’affirment leurs gilets pare-balles) : AK-47 brandies, les djihadistes font régner l’ordre en interdisant la musique et en ordonnant aux femmes de se voiler, de porter chaussettes et gants face au sable du désert. Pendant ce temps, un éleveur vit heureux dans les dunes voisines avec sa femme et sa fille. Mais il tue son voisin par accident, et se retrouve prisonnier des djihatistes. Timbuktu adopte une structure lente, desserrée, peu linéaire, où le rythme de l’intrigue générale est constamment brisée par des vignettes de vie quotidienne, quand les soldats patrouillent en ville pour maintenir leur loi, aussi violente qu’absurde. La première force du film est de nous les montrer terriblement ordinaires (notamment un excellent Abel Jafri). La deuxième est de nous frapper d’images et de situations parfois très puissantes : on n’est pas près d’oublier cette séquence de match de foot sans ballon (puisque le jeu est désormais interdit), ou cette scène atroce de lapidation d’un couple enterré jusqu’au coup. Mais le réalisateur Abderrahmane Sissako n’est pas un cinéaste manipulateur : au moment où la lapidation commence, il fait habilement le choix de couper dès l’impact des premières pierres, de faire une ellipse pour souligner l’horreur de l’événement. » Première, Sylvestre Picard
Abderrahmane Sissako
Abderrahmane Sissako est né le 13 octobre 1961 à Kiffa, en Mauritanie, et passe son enfance au Mali. À partir de 1983, il suit à Moscou les cours du célèbre VGIK, l’Institut fédéral d’État du cinéma, où il finalisera ses deux premiers courts métrages : Le jeu et Octobre qui sera présenté en 1993 dans la secction Un certain regard du Festival de Cannes. À partir d’une commande pour des fables de La Fontaine, il réalise Le chameau et les bâtons flottants en 1995 et enchaîne avec un court métrage de la série Africa Dreamings Sabriya - le carré de l’échiquier où deux hommes évoluent dans un café perdu dans un univers de sable. En 1998, dans le cadre de la collection « 2000 vu par ? » , il tourne La Vie sur Terre, où il interprète lui-même un cinéaste vivant en France et qui, à la veille de l’an 2000, part pour Sokolo, le village malien où vit son père. Un « retour au pays natal » dont la tessiture aigre-douce fait écho aux textes d’Aimé Césaire. En 2002, A. Sissako réalise en Mauritanie Heremakono - En attendant le bonheur qui aborde en une série de tableaux sensibles et signifiants l’exil et les rapports entre l’Afrique et l’Occident. Sélectionné dans nombre de festivals internationaux et notamment à Cannes où il obtient le prix de la critique internationale, le film reçoit également l’Étalon de Yennenga du Fespaco de Ouagadougou ainsi que le Grand Prix de la Biennale des cinémas arabes de Paris. En 2006, dans la maison de son père au Mali, il tourne Bamako, où il met en scène un procès des institutions internationales face aux injustices que subit l’Afrique. Sélectionné hors compétition au Festival de Cannes 2006. Il revient au cinéma en 2014 avec Timbuktu prix François Chalais et prix du jury œcuménique au Festival de Cannes.
The Meeting
Dimanche 9 novembre à 20 h 30. Petit Kursaal.
Réalisé par Mildred Okwo • Nigeria, 2013, 2 h 12, VOSTF • Avec Femi Jacobs, Rita Dominic, Nse Ikpe-Etim, Linda Ejiofor, Kehinde Bankole, Jide Kosoko.
La bureaucratie pointée du doigt. L’histoire raconte le calvaire d’un homme d’affaires de Lagos qui se retrouve embourbé dans les méandres kafkaïens de l’administration étatique d’Abuja, la capitale fédérale. Le président du Nigeria, Goodluck Jonathan, ne s’y était pas trompé en considérant que « le film allait faire parler de lui ». Il a effectivement remporté depuis l’année dernière de nombreuses distinctions, que ce soit aux Nollywood Movie Awards, à l’African International Film Festival, aux Nigeria Entertainment Awards ou encore aux Africa Movie Academy Awards. Avec sa pléthore de stars nollywoodiennes, comme Femi Jacobs, Linda Ejiofor, Jide Kosoko et Nse Ikpe Etim, le film a atteint plus de 25 millions de nairas nigérians, soit plus de 110 000 euros de recettes, et plus de 50 000 DVD ont été écoulés depuis sa sortie.
Run
Jeudi 13 novembre à 18 h 00. Introduit par Armand Gauz. Cinéma Victor Hugo.
Réalisé par Philippe Lacôte • France/Côte d’Ivoire, 2014, 1 h 40 • Avec Abdoul Karim Konate, Isaach De Bankolé, Reine Sali Coulibaly.
Run s’enfuit… Il vient de tuer le Premier ministre de son pays. Pour cela il a dû prendre le visage et les vêtements d’un fou, errant à travers la ville. Sa vie lui revient par flashes ; son enfance avec maître Tourou quand il rêvait de devenir faiseur de pluie, ses aventures avec Gladys la mangeuse et son passé de milicien en tant que Jeune Patriote, au cœur du conflit politique et militaire en Côte d’Ivoire. Toutes ses vies, Run ne les a pas choisies. À chaque fois, il est tombé dedans en s’enfuyant d’une ancienne vie. C’est pour ça qu’il s’appelle Run.
Le spectateur est plongé dans la tourmente de l’histoire récente de ce pays à travers un maelström de visions baroques qui révèlent la dimension hallucinatoire de la réalité même. Le film mêle les temporalités avec des retours en arrière qui mettent en scène différentes étapes de la vie d’un jeune homme surnommé Run, comme autant de rites initiatiques, de facettes de l’Afrique et de rencontres avec des personnages faisant se télescoper différentes mythologies, entre tradition et modernité : son enfance avec maître Tourou quand il rêvait de devenir faiseur de pluie, ses aventures avec Gladys la mangeuse (épisode étonnant mais vrai sur une femme qui organise des spectacles itinérants dans les villages où elle bat des records d’ingurgitation de nourriture, devant un public fasciné et dégoûté) et son passé de milicien en tant que Jeune Patriote, au cœur du conflit politique et militaire en Côte d’Ivoire.
Lacôte invente un style chaotique, un récit en perpétuel mouvement qui balaie les clichés d’une Afrique figée dans son folklore ou son malheur. Run est traversé par une énergie de fuite, une vitalité désespérée dans un monde où la violence règne.
Philippe Lacôte
Philippe Lacôte est né et à grandi à Abidjan. Il termine ses études à Toulouse et devient reporter et chroniqueur pour différentes radios dont Radio France. En 1995, après avoir été projectionniste et animateur d’un club de cinéphiles il réalise Le Passeur, un court-métrage en 35 mm noir et blanc. A partir de 1998, il intègre Atria à Paris. Durant deux ans il est un collaborateur proche de la monteuse et responsable du lieu, Andrée Davanture… Après l’expérience d’Atria, Philippe Lacôte revient à la réalisation. En 2002, il part en Côte d’Ivoire pour réaliser un film sur ses amis d’enfance. Il arrive à Abidjan juste avant la rébellion et filme son quartier. Ce travail va durer 5 ans pour aboutir à un documentaire à la frontière entre l’essai, le documentaire et le journal intime. En 2010, il produit Burn it up Djassa, un film de Lonesome Solo, tourné dans la banlieue d’Abidjan, et qui sera présenté au Festival International de Toronto et à la Berlinale 2012 dans la section Panorama. En 2013, il réalise un des 6 films de la collection African Metropolis, (voyage méconnu du peintre New-Yorkais Jean-Michel Basquiat en Côte d’Ivoire).
En 2014, son premier long-métrage de fiction, Run, premier prix du Jerusalem Film Lab, fait partie des 15 projets retenus par la Cinéfondation du Festival de Cannes, ouvrant là une opportunité de confirmer son talent de cinéaste.
Nesma
Mercredi 12 novembre à 18 h 00. Cinéma Victor Hugo.
Réalisé par Homeïda Behi • France/Tunisie, 2013, 1 h 28 • Avec Farid Elouardi, Aure Atika, Aziza Gorgi, Chaker Ben Saber, Abdel Monem Chwayet, Chekra Rammeh, Mohamed Sayari, Kesang Marstrand.
Nesma est là pour rappeler que nous avons tous ce que Deleuze appelait « nos sales petits secrets ». Nous nous sommes tous compromis ici ou là, un peu ou beaucoup. Durant des décennies de dictature, les Tunisiens n’y ont pas échappé et si la liberté d’aujourd’hui est appréciée de tous, chacun évite de se regarder en arrière. C’est pourtant ce que fait ce film noir, à travers un suspense psychologique bien ficelé où Youssef, un agent immobilier (Farid Elouardi), est victime d’un faussaire qui utilise son nom et ses comptes en banque. Craignant la résurgence du passé, il évite d’en parler à sa femme française (Aure Atika) et creuse ainsi la crise du couple. Autour d’eux, la fille de leur domestique s’émancipe sous le regard de son jeune frère qui apprend ainsi à le faire, nouvelle génération qui échappe aux compromissions de leurs parents et expérimente la liberté. Contrepoint des adultes, les enfants veulent sans cesse sortir au soleil alors qu’on leur demande de rester enfermés derrière les volets et de se protéger de la chaleur de ce mois d’août qui baigne tout le film d’une pesanteur dont on ne sait comment sortir. Et de fait, Youssef devra continuer à vivre avec un terrible secret.
Critique
« La lenteur, la fixité des plans et la retenue généralisée soutiennent certes la cohérence globale en accentuant la pesanteur ambiante, mais ont tendance aussi à plomber un film où les quiproquos et les surprises sont peu accentués. Si la villa Nesma a pour fonction d’être le château hanté de la dictature et de la personnifier, sa géographie ne sert elle aussi que peu ce dessin dans le film. Difficile dès lors d’imaginer qu’une brise (nesma) se mette enfin à souffler, à l’image de la situation en Tunisie où l’avenir politique immédiat semble bien bouché. » Africultures Olivier Barlet
Homeïda Behi
Homeïda Behi est réalisateur franco-tunisien. Parfois crédité sous le nom de Homeïda Bahi. Homeïda Behi est moitié Tunisien et moitié Français. Il quitte la Tunisie, à l’âge de 18 ans, pour s’installer en France. Il a travaillé comme assistant-réalisateur sur plusieurs films. The Last Song (2011) est son premier court métrage. En 2012, il réalise Nesma son premier long métrage de fiction.
Les Terrasses
Mardi 11 novembre à 18 h 00. Petit Kursaal.
Réalisé par Merzak Allouache • France/Algérie, 1 h 31, VOSTF • Avec Adila Bendimerad, Nassima Belmihoub, Hacène Benzerari, Aïssa Chouat, Mourad Khen.
Alger. Une ville surpeuplée, avec ses embouteillages incessants, sa foule chaotique, ses immeubles délabrés, ses appartements décrépis où s’entassent et survivent les familles… Dans cette ville qui étouffe, les terrasses, progressivement transformées en lieux d’habitation, sont, elles aussi, devenues au fil du temps des lieux d’effervescence où se croisent sourires et douleurs, vie et mort. La Casbah, Bab el Oued, Belcourt, Notre-Dame d’Afrique, Telemly. Cinq quartiers historiques de la capitale algérienne. Cinq terrasses superbement ouvertes sur la ville, la baie, la mer, l’horizon lointain. Cinq histoires indépendantes les unes des autres, qui s’enchevêtrent et se bousculent le temps d’une journée. De l’aube à la nuit, au rythme des cinq appels à la prière provenant des nombreuses mosquées de la ville.
Récompenses
- Festival de Venise - en compétition (Italie 2013)
- Meilleur Réalisateur pour le monde arabe Festival d’Abu Dhabi (Émirats Arabes Unis 2013)
- Prix Fipresci Festival d’Abu Dhabi (Emirats arabes unis 2013)
- Cinéaste De L’année pour le magazine Variety Moyen-Orient (Émirats Arabes Unis 2013)
Merzak Allouache
Né le 6 octobre 1944 à Alger, Merzak Allouache est un réalisateur de cinéma algérien. Il commence ses études de cinéma dès 1964 à l’INC d’Alger après l’indépendance. Il y réalise son « film diplôme ». Croisement, puis un court métrage, Le Voleur, après quoi il les complète à l’IDHEC (aujourd’hui appelée La Fémis) de Paris. Il travaille d’abord pour l’OAA puis pour le CNC, avant de rejoindre l’ONCIC en qualité de réalisateur en 1975. Il est assistant réalisateur pour Mohamed Slim Riad et tourne lui-même deux documentaires au milieu des années 1970. Il acquiert une renommée internationale avec son premier film, Omar Gatlato. Il publie une nouvelle en 1995 aux éditions du Seuil intitulée Bab El-Oued.
Layla
Mercredi 12 novembre à 20 h 30. Cinéma Victor Hugo.
Réalisé par Pia Marais • France/Allemagne/Pays-Bas/Afrique du Sud, 2013, 1 h 48, VOSTF • Avec Rayna Campbell, August Diehl, Rapule Hendricks.
Au cœur de l’Afrique du Sud, Layla, mère célibataire de 27 ans, vient d’être engagée dans une société spécialisée dans la détection de mensonges, située à plusieurs centaines de kilomètres de son domicile. Une nuit, alors qu’elle prend la route avec son jeune fils Kane, Layla heurte un homme en voiture. Un accident fatal, sous les yeux de l’enfant, à qui elle intime l’ordre de garder le silence, la fera soudainement sombrer dans la paranoïa, et la peur d’être démasquée. Layla est encore plus rongée par la culpabilité, lorsqu’elle comprend que Pienaar, un jeune homme serviable et charismatique, rencontré sur son lieu de travail, est le fils de l’homme accidenté…
En compétition à la 63e Berlinade en 2013.
Crtiques
« Pia Marais tisse une série noire vénéneuse à souhait, jouant avec tact et subtilité des ressorts pervers de cette brillante analogie de la paranoïa sécuritaire sud-africaine. Un petit bijou de polar étouffant doublé d’un solide portrait de femme. » Nouvel Obs, Guillaume Loison
« Le début est vraiment captivant, et même si la suite repose sur une coïncidence simpliste, la réalisatrice réussit à capter avec brio la paranoïa dans une Afrique du Sud toujours sous tension. » Télérama, Guillemette Odicino
Pia Marais
Née à Johannesburg de parents suédois/sud-africains, Pia Marais grandit dans les deux pays. Après être passée par la Chelsea School of Art (Londres), la Rietveld Akademie (Amsterdam) et la KunstAkademie (Düsseldorf), elle part étudier le cinéma à la Deutsche Film – und Fernseh – Akademie (DFFB) de Berlin, où elle vit aujourd’hui. D’abord directrice de casting, elle devient ensuite assistante réalisateur et scénariste, en Allemagne, et dirige son premier long-métrage, Trop Libre. Sélectionné dans de nombreux festivals internationaux, il remporte plusieurs prix, dont le Tiger Award en 2007, au Festival International du Film de Rotterdam. Son second long-métrage, À l’âge d’Ellen, présenté pour la première fois au Festival du Film de Locarno en 2010, est sélectionné aux festivals de Toronto, Londres, Thessalonique, Buenos Aires, au MoMa New Directors/New Films. Parmi les récompenses pour ce film, elle reçoit pour la seconde fois le Crossing Europe Award, et Jeanne Balibar reçoit le prix de la Meilleure Actrice à Buenos Aires, pour sa performance dans le film.
Layla est son premier film en langue anglaise
L’Oranais
Lundi 10 novembre à 20 h 30. Petit Kursaal et Mardi 11 novembre à 20 h 30. Cinéma Victor Hugo.
Réalisé par Lyes Salem • Algérie/France, 2014, 2 h 08 • Avec Lyes Salem, Khaled Benaissa, Djemel Barek, Amal Kateb, Najib Oudghiri, Sabrina Ouazani.
Un titre L’Oranais, une ville Oran… Dans toutes les guerres où une armée régulière se confronte à une résistance entrée en clandestinité, ses membres adoptent un nom d’emprunt ; L’Oranais c’est le nom de guerre du personnage principal, Djaffar, celui par qui l’histoire se raconte. L’Oranais c’est également l’histoire d’un homme dont la ville natale est Oran. Une ville où l’identité est multiple, cosmopolite. Tout au long de l’histoire, des hommes d’origines diverses ; Maltais, Grecs, Italiens, Arabes, Berbères, Français, Juifs et espagnols ont vécu ensemble à Oran. On peut passer du quartier arabe « sidi el Houari » au quartier juif « derb el Lihoud » en traversant une rue. Dans le centre-ville, c’est davantage l’architecture Art Déco du début du XXe siècle qui rappelle la présence française. Si aujourd’hui le quartier espagnol n’existe plus, la trompette et la guitare sont les instruments incontournables d’une musique très présente dans la personnalité festive de la ville qui est aussi une des dimensions du film… La chapelle de Santa Cruz, sa Vierge Marie qui domine la baie d’Oran, illustrent parfaitement le paradoxe de cette ville, habitée en grande majorité par une population musulmane ! L’Oranais c’est tout ça en même temps.
L’histoire, des années 1950 aux années 1980. L’histoire commence à un moment dans les années 1950 où deux jeunes hommes, Djaffar et Hamid, entrent en guerre. Hamid est déjà investi d’une mission, il est engagé et prend déjà part à la lutte. Djaffar, quant à lui, est plus naïf et n’a pas la velléité de prendre les armes. C’est le point de départ de l’histoire. Il me semblait important que les résistants soient présentés comme des hommes et des femmes ordinaires. Ils n’ont « rien d’exceptionnel » au départ, mais le refus d’accepter une situation qui leur est insupportable, les font devenir « exceptionnels ». Djaffar ne choisit pas de rejoindre le combat, c’est un concours de circonstances qui l’y pousse. Une guerre, c’est certainement fait de courage et de détermination, mais il arrive que le hasard et les accidents malheureux s’en mêlent. Cela n’enlève rien à la valeur du combat mené.
Lyes Salem remporte le Valois du meilleur acteur, pour L’Oranais, au festival d’Angoulême.
Lyes Salem
Lyes Salem suit des études en Lettres Modernes à la Sorbonne puis poursuit sa formation à l’École du Théâtre National de Chaillot et au Conservatoire National d’Art Dramatique. En 1998, après sa formation il joue Shakespeare, Molière, Büchner ou Ostrovski dans quelques-uns des principaux théâtres nationaux. Il joue et met mise en scène Djelloul, le résonneur, d’après Malek Alloula. Au cinéma et à la télévision, il apparaît dans des films de Maurice Failevic, Benoît Jacquot et Hamid Krim. En 2001 Lyes réalise son premier court métrage, Jean-Farès, qui fait l’objet de nombreuses sélections dans des festivals nationaux et internationaux. Avec son deuxième court métrage, Cousines, tourné à Alger, il obtient le César du meilleur court métrage 2005. Par ailleurs, on a pu le voir comme acteur dans Alex, Banlieue 13, Munich, À ton image, L’école de la chair, Filles uniques, Délice Paloma, ou encore la série L’Affaire Ben Barka. En 2008, Lyes Salem passe de nouveau derrière la caméra pour mettre en scène Mascarades, son premier long métrage, dans lequel il interprète aussi le rôle principal, celui de Mounir, jeune algérien dont la sœur Salima est la risée du village à cause de sa narcolepsie. Ce film lui permet d’être nominé aux césars 2009 dans la catégorie Meilleur premier film. L’Oranais est son second long métrage.
L’Armée du Salut
Vendredi 14 novembre à 18 h 00. Cinéma Victor Hugo.
Réalisé par Abdellah Taïa • France/Maroc/Suisse, 2013, 1 h 24, VOSTF • Avec Saïd Mrini, Karim Aït Mhand, Amine Ennji.
Dans un quartier populaire de Casablanca, Abdellah, adolescent homosexuel, essaie de se construire au sein d’une famille nombreuse, entre une mère autoritaire et un frère aîné qu’il aime passionnément. Adaptation du roman de Abdellah Taïa.
Récompenses
L’Armée du salut a reçu le Grand Prix du Jury pour un Long Métrage Français (ex-aequo avec Des étoiles) lors du 26e Festival Premiers Plans d’Angers, en janvier 2014, ainsi que le Prix Spécial du Jury au Festival Tous Écrans de Genève en décembre 2013. Le film avait également été sélectionné lors de la semaine de la critique à la Mostra de Venise et lors du Festival International du Film de Toronto.
Critiques
« On retrouve dans le film d’Abdellah Taïa la sécheresse précieuse de sa prose, cet art du détournement et de la suggestion propre à exprimer par la plus grande économie de moyens les plus grands bouleversements intimes. » Le Monde, Jacques Mandelbaum
« Du Maroc à la Suisse, l’itinéraire d’un jeune homo déterminé à changer de vie. Une histoire forte, entre survie et trahison, adaptée par celui qui l’a vécue. » Télérama, Louis Guichard
Abdellah Taïa
Issu d’une famille modeste, Abdellah Taïa étudie la littérature française à l’Université Mohamed V de Rabat et à l’Université de Genève. En juillet 1999, l’année de la mort du roi Hassan II, il arrive à Paris pour un doctorat en littérature française à la Sorbonne. En 1999, il publie ses premiers textes dans un recueil de nouvelles publié par Loïc Barrière aux éditions Paris-Méditerranée, Des nouvelles du Maroc, aux côtés de Mohamed Choukri, Salim Jay et Rachid O. Son premier recueil de nouvelles, Mon Maroc, paraît en 2001 aux éditions Séguier, avec une préface de l’écrivain René de Ceccatty auquel il rendra un chaleureux hommage quand il recevra le Prix de Flore. En juin 2007, Abdellah Taïa fait la couverture du magazine marocain Telquel sous le titre : Homosexuel, envers et contre tous. En avril 2009, il publie dans le même hebdomadaire une lettre intitulée L’homosexualité expliquée à ma mère où il traite ouvertement de sa sexualité. Il est l’auteur de plusieurs romans dont Le Jour du Roi (éd. du Seuil) pour lequel il reçoit en 2010 le Prix de Flore. En 2012, il réalise son premier film, L’Armée du salut, adaptation de son troisième roman qu’il présente à la Mostra de Venise 20134. Ses livres sont traduits dans plusieurs langues.
Adios Carmen
Mardi 11 novembre à 20h30. Petit Kursaal.
Réalisé par Mohamed Amin Benamraoui • Maroc/Belgique/Émirats Arabes Unis, 2013, 1 h 43, VOSTF • Avec Amanallah Benjilali, Paulina Galvez, Said Marssi, Juan Estelrich, Noumidia Lahmidi, Farouk Aznabet, Abdellah Anas.
Été 1975, Ségangan, une petite bourgade du Rif marocain, vit au gré des humeurs de ses habitants. Dans cette ancienne colonie espagnole, non loin de l’enclave de Mellila, de nombreux immigrés espagnols ayant fui la guerre civile et la misère vivent en bonne entente avec les autochtones. Ils ne se côtoient guère mais se respectent. C’est dans cet environnement qu’évolue Amar, un jeune garçon de 10 ans. Il vit dans un immeuble à appartements avec sa mère Zahia et son oncle Hamid. Son père est mort plusieurs mois auparavant. La jeune femme, âgée de vingt huit ans, vient de recevoir la demande en mariage du fils d’un riche propriétaire.
Déjà marié auparavant, Abderrhaman, le prétendant, vit en Belgique et propose, dans un premier temps, à Zahia de le rejoindre là-bas avec son fils. Depuis le décès de son mari, celle-ci ne cesse de subir les quolibets et les humiliations du voisinage. Il n’est pas de bon ton d’être une femme seule avec son enfant. Ce mariage peut être une aubaine pour elle. Il lui offre la possibilité de refaire sa vie et d’échapper à la pression sociale ambiante. Cette situation suscite l’envie et la jalousie de tous.
Elle est sur le point d’accepter quand l’homme lui annonce subitement qu’il ne peut prendre l’enfant avec lui. Surprise, Zahia décide de refuser et renonce au projet. Il lui fait alors miroiter la possibilité de revenir le chercher rapidement lorsque ses papiers seront régularisés. Les arguments rassurants des uns et des autres ont raison de ses réticences. Son frère Hamid, petit caïd teigneux et ivrogne notoire mais non moins intéressé par un éventuel regroupement familial, lui promet de prendre soin de son fils. Ses voisins, Mimount et son mari Mustapha le vigile, également. Et enfin, le petit Amar lui-même, conscient des difficultés de sa mère, accepte de la laisser partir. Zahia quitte le Maroc l’esprit en paix. Cependant, rien ne se passe comme elle et son fil l’entendent.
Rapidement il fait la connaissance de Carmen. Installés dans le même immeuble qu’Amar, elle et son frère Juan travaillent au cinéma du quartier. Elle est ouvreuse pendant que lui s’occupe des projections. Émue par la solitude de l’enfant dans lequel elle se reconnaît, elle décide de le prendre sous son aile. Elle l’invite au cinéma. Pour Amar, c’est une révélation.
Mohamed Amin Benamraoui
Né en 1969 à Nador, Maroc, il s’installe à Bruxelles au milieu des années 80. Après des études de marketing et d’informatique, il s’inscrit à l’Académie des Arts de Molenbeek pour suivre des cours de cinéma sous la direction de Thierry Zeno. Animateur radio et programmateur de plusieurs festivals berbères, il collabore également durant une saison aux émissions Sindbad et Dunia de la RTBF (Télévision belge). En 2008, il rentre au pays et réalise ces trois premiers courts métrages, Mariage à la plage, Kif Kif et Sellam et Démétan.
Récompenses
- Mention spéciale du Jury, Dubaï International Film festival, Décembre 2013
- Prix de la Première Œuvre et Prix du Meilleur Second Rôle Masculin, Festival National du Film de Tanger, Maroc, Février 2013
- Grand Prix, Prix scientifique et Prix du Meilleur Second Rôle Masculin, Festival international de cinéma et mémoire commune, Nador, Maroc, mai 2014
- Prix du scénario, Festival du Cinéma africain de Khouribga, Maroc, Juin 2014
- Grand Prix (Écran d’Or), festival Écrans Noirs, Yaoundé, Cameroun, Juillet 2014