Run
Jeudi 13 novembre à 18 h 00. Introduit par Armand Gauz. Cinéma Victor Hugo.
Réalisé par Philippe Lacôte • France/Côte d’Ivoire, 2014, 1 h 40 • Avec Abdoul Karim Konate, Isaach De Bankolé, Reine Sali Coulibaly.
Run s’enfuit… Il vient de tuer le Premier ministre de son pays. Pour cela il a dû prendre le visage et les vêtements d’un fou, errant à travers la ville. Sa vie lui revient par flashes ; son enfance avec maître Tourou quand il rêvait de devenir faiseur de pluie, ses aventures avec Gladys la mangeuse et son passé de milicien en tant que Jeune Patriote, au cœur du conflit politique et militaire en Côte d’Ivoire. Toutes ses vies, Run ne les a pas choisies. À chaque fois, il est tombé dedans en s’enfuyant d’une ancienne vie. C’est pour ça qu’il s’appelle Run.
Le spectateur est plongé dans la tourmente de l’histoire récente de ce pays à travers un maelström de visions baroques qui révèlent la dimension hallucinatoire de la réalité même. Le film mêle les temporalités avec des retours en arrière qui mettent en scène différentes étapes de la vie d’un jeune homme surnommé Run, comme autant de rites initiatiques, de facettes de l’Afrique et de rencontres avec des personnages faisant se télescoper différentes mythologies, entre tradition et modernité : son enfance avec maître Tourou quand il rêvait de devenir faiseur de pluie, ses aventures avec Gladys la mangeuse (épisode étonnant mais vrai sur une femme qui organise des spectacles itinérants dans les villages où elle bat des records d’ingurgitation de nourriture, devant un public fasciné et dégoûté) et son passé de milicien en tant que Jeune Patriote, au cœur du conflit politique et militaire en Côte d’Ivoire.
Lacôte invente un style chaotique, un récit en perpétuel mouvement qui balaie les clichés d’une Afrique figée dans son folklore ou son malheur. Run est traversé par une énergie de fuite, une vitalité désespérée dans un monde où la violence règne.
Philippe Lacôte
Philippe Lacôte est né et à grandi à Abidjan. Il termine ses études à Toulouse et devient reporter et chroniqueur pour différentes radios dont Radio France. En 1995, après avoir été projectionniste et animateur d’un club de cinéphiles il réalise Le Passeur, un court-métrage en 35 mm noir et blanc. A partir de 1998, il intègre Atria à Paris. Durant deux ans il est un collaborateur proche de la monteuse et responsable du lieu, Andrée Davanture… Après l’expérience d’Atria, Philippe Lacôte revient à la réalisation. En 2002, il part en Côte d’Ivoire pour réaliser un film sur ses amis d’enfance. Il arrive à Abidjan juste avant la rébellion et filme son quartier. Ce travail va durer 5 ans pour aboutir à un documentaire à la frontière entre l’essai, le documentaire et le journal intime. En 2010, il produit Burn it up Djassa, un film de Lonesome Solo, tourné dans la banlieue d’Abidjan, et qui sera présenté au Festival International de Toronto et à la Berlinale 2012 dans la section Panorama. En 2013, il réalise un des 6 films de la collection African Metropolis, (voyage méconnu du peintre New-Yorkais Jean-Michel Basquiat en Côte d’Ivoire).
En 2014, son premier long-métrage de fiction, Run, premier prix du Jerusalem Film Lab, fait partie des 15 projets retenus par la Cinéfondation du Festival de Cannes, ouvrant là une opportunité de confirmer son talent de cinéaste.