Kedach ethabni (Combien tu m’aimes)
Dimanche 11 novembre à 20h30. Petit Kursaal. En présence du réalisateur. • Réalisé par Fatma Zohra Zamoum • Fiction, Algérie/Maroc, 2011, 98 min • Avec Racim Zennadi, Nadjia Debbah-Laaraf, Abdelkader Tadjer, Nourdine Alane, Louiza Habani, Loubna Boucheloukh, Mohamed-Lotfi Draiai, Mohamed Bounoughaz, Zahir Bouzrar, Yasmina Soltani…
Alger, de nos jours, Adel, 8 ans, est confié à ses grands-parents Khadidja et Lounès car ses parents Rachid et Safia se sont disputés. Adel était supposé rester avec ses grands-parents une semaine, à laquelle s’ajoute une autre semaine et il rate l’école. Khadidja, femme au foyer, essaie de partager sa vie quotidienne dans son appartement avec Adel, alors que Lounès, retraité, l’initie au grand monde des animaux. De jour en jour, la question « Combien tu m’aimes » que se lancent l’enfant et sa grand-mère les aide à traverser cette période difficile et à se rapprocher l’un de l’autre…
« Les adultes sont compliqués ! » Cette expression de Khadidja, la grand-mère, résume le point de vue d'Adel, un jeune Algérien de huit ans, dont les parents se séparent et qui se retrouve confié à ses grands-parents. C'est avec ses yeux, à son rythme et à sa hauteur que le film aborde la question que pose sa grand-mère : « Combien tu m'aimes ? » Car c'est bien d'amour dont il est question, de la capacité d'aimer et donc de vivre et désirer, face au patriarcat du grand-père qui craint pour la virilité d'Adel quand Khadidja lui apprend à cuisiner, face aux stratégies nécessaires à Toufik et Farida pour s'embrasser en cachette, face à l'incommunicabilité des parents qui ne peuvent plus s'asseoir pour discuter. Tout cela débouche sur une immense solitude devant des portes fermées, image finale d'un film sensible qui aligne les petites touches intimistes et tranquilles. Personne ne s'énerve et chacun souffre en silence, pour ne pas troubler le petit, pour ne pas faire de scandale. La caméra – presque documentaire – se passionne pour les gestes quotidiens afin de capter cet état d'entre-deux qui place Adel dans une nouvelle vie dont il perçoit peu à peu qu'il devra s'y résoudre - devenir adulte en somme –, loin de l'innocence enfantine. Le cadre toujours sage et les lumières tamisées concourent à réduire la tension pour ne plus laisser cours qu'au regard incisif d'Adel sur un monde que l'on met en cages. C'est à la fois la beauté sincère et l'embarrassante limite d'un film qui peine à trouver l'intensité de son propos. Finalement, tout finit par se dire, parce que ni le récit ni la mise en scène ne l'ont porté. Ce n'est de même que lorsqu'une musique prend en charge la nostalgie que celle-ci s'impose. Entre Khadidja et Adel s'est joué un espace de liberté sans que celle-ci puisse trouver les bases qui lui permettraient de perdurer, emportant le spectateur dans une incommensurable amertume.
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Fatma Zohra Zamoum
Fatma Zohra Zamoum est née le 19 janvier 1967 à Bordj-Ménaïel (Algérie). Actrice, Réalisatrice, Productrice, Scénariste. Elle fait ses études à l'École Supérieure des Beaux-Arts d'Alger de 1985 à 1988, puis part à Paris en 1988. En 1995, elle obtient une Licence d'Études Cinématographiques et Audiovisuelles à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. La cinéaste est également enseignante en Histoire de l'Art à l'Université de Marne-La-Vallée.
Elle partage sa vie entre deux passions : la peinture et le cinéma. Le cinéma et la fiction se sont confortablement installés dans son existence depuis 1995 avec la réalisation de courts-métrages autofinancés et l'écriture de scénarii longs et courts. En 2009, Fatma Zamoun signe son premier long-métrage Z'har, film expérimental, puis son second, Combien tu m'aimes ? Ce dernier était en compétition officielle lors de la 15ème édition du Festival du Cinéma Africain de Khouribga (FCAK, Maroc), qui a eu lieu du 30 juin au 7 juillet 2012.
Fatma Zohra Zamoun est l'auteure de plusieurs publications dont À tous ceux qui partent (roman, Éd. L'Harmattan, 1999) et de Comment j'ai fumé tous mes livres (roman, Éditions La Chambre d'Échos, 2006), et des ouvrages sur la peinture.