Le mot du Maire de Besançon
Ici, à Besançon, depuis 1996, des énergies militent à la mise en lumières de l’Afrique et de son cinéma ; depuis 2003, la proposition est devenue annuelle, et aujourd’hui arrive le temps de la reconnaissance définitive avec une 10è édition qui fait échos au 40è anniversaire de l’Organisation Internationale de la Francophonie (O.I.F.).
Un Festival « Lumières d’Afrique » - structuré en 5 sections, mêlant habilement compétitions et sélections de découverte - 4 prix associant pour l’un d’entre eux, le public – un Festival qui à travers des hommages permet aux Bisontins de retrouver les racines de ce cinéma en plein développement artistique – un Festival qui, avec ses collaborations, propose des passerelles entre les arts, en particulier en permettant de venir écouter les griots des temps modernes avec l’équipe de la Rodia, la Scène des Musiques Actuelles de Besançon.
Longtemps, le continent noir n’a été qu’un simple « déversoir » pour toutes les productions du reste du monde. Ce n’est plus vrai. A Cannes, en mai 2010, plus de 30 contributions africaines dans les différentes sélections du festival et le prix du jury pour un cinéaste tchadien, Mahamat Saleh Haroun – tout un symbole lorsqu’on sait que la dernière salle de cinéma de son pays était en passe de fermer ses portes. Une reconnaissance aussi, pour toutes les initiatives, qui depuis des années mettent en avant ce cinéma africain, avec toutes ses originalités, toutes ses fulgurances esthétiques, toutes ses interrogations sur notre histoire commune, parfois douloureuse et le présent du monde… Alors, restons vigilant et continuons de permettre le financement et la libre circulation des œuvres, pour éviter comme le dit un artiste africain que quand « certains guichets qui ont l’habitude de financer nos cinémas éternuent, ce soit tout le cinéma africain qui ait le rhume !… »
Le cinéma africain tisse ses toiles jusqu’aux écrans bisontins, grâce en particulier au dynamisme de l’Association pour la Promotion des Arts et de la Culture d’Afrique – c’est avec un grand plaisir que la Ville de Besançon participe depuis l’origine à ce parcours de découvertes.
Primé à Cannes le film de Mahamat Saleh Haroun, qui sera d’ailleurs présenté lors du Festival, emprunte son titre Un homme qui crie, à Aimé Césaire, dans son Cahier d’un retour au pays natal : « ... gardez-vous de vous croiser les bras en l’attitude stérile du spectateur, car la vie n’est pas un spectacle, car une mer de douleurs n’est pas un proscenium, car un homme qui crie n’est pas un ours qui danse... »
Bon Festival à tous et, à la manière des cinéastes, des griots et des poètes africains, restons attentifs et ouverts au monde.