Notre Étrangère
Réalisé par : Sarah Bouyain – France / Burkina Faso – 82 min – 2010 – VO ST Français
Avec : Dorylia Calmel (Amy/Aminata), Assita Ouédraogo (Mariam), Nathalie Richard (Esther), Blandine Yaméogo (Acita), Nadine Kambou Yéri, Jérôme Sénélas et la participation de Dominique Reymond
Productrice : Sophie Salbot (Athénaïse Productions, Paris)
FESTIVALS / Awards
2011 FESPACO
- Prix de l'Union Européenne,
- Prix Oumarou Ganda du Meilleur Premier Film
2010 TIFF - Toronto International Film Festival
- Sélection Officielle
Synopsis
Amy est une jeune femme métisse. Suite au décès de son père, elle retourne à Bobo, au Burkina Faso, pour voir sa mère dont elle a été séparée à l'âge de 8 ans. Elle ne retrouve que sa tante, une femme esseulée qui s'est mise à boire. Amy va et vient entre une cour familiale aussi rassurante qu'étouffante et une ville où elle n'a plus de repère.
Cela fait des années que Mariam, une Burkinabée de 45 ans, n'est qu'une ombre furtive qui glisse à la lisière de la vie. Depuis peu, elle a rencontré Esther, cadre dans l'entreprise où elle fait le ménage.
Ester veut apprendre le dioula, la langue maternelle de Mariam. Ces deux femmes solitaires apprennent à s'apprécier.
Lorsque j’allais au Burkina rendre visite à ma grand-mère paternelle, elle passait son temps à se tordre les doigts en se demandant ce qu’elle allait bien pouvoir cuisiner de bon à son étrangère. (C’était ainsi qu’elle m’appelait). En vertu des lois de l’hospitalité, cette appellation d’étrangère était sans nul doute honorifique, d’autant plus honorifique que je venais du « pays des Blancs ».
Moi, je trouvais que c’était une façon de me mettre à distance et j’aurais préféré un nom plus affectueux comme « chair de ma chair ».
Appartenir à deux cultures… Naviguer entre deux familles séparées par tant de distance qu’elle soit géographique, culturelle… Séparées par l'héritage de la colonisation.
Parfois, on se sent contraint de choisir entre ses deux pays. Doit-on choisir entre deux parents ?...
Je vis en France et il m’est arrivé de faire comme si l’autre côté n’existait pas, parce que cette séparation constante me faisait trop mal. Lorsque j'allais au Burkina Faso, je me demandais si je n'avais pas envie de m'y installer…
Longtemps, j’ai aspiré au métissage total, c’est à dire qu’en moi se réconcilient et fusionnent le pays où j’habite, la France et le pays qui m’habite, le Burkina. Je voulais être chez moi ici et là-bas, je voulais ne jamais avoir le sentiment de trahir, que je sois ici ou là-bas…
Je sais aujourd'hui que ma grand-mère m'aimait pour ma différence et malgré ma différence, et qu'elle sentait le lien fort qui nous unissait malgré tout ce qui nous séparait. J'ai accepté l’idée que tout au long de ma vie, je ne cesserai de naviguer et d’osciller dans l'entre-deux, que je serai toujours une étrangère dans chacun de mes deux pays. Et finalement, je ne le vis pas si mal. La double culture est aussi une richesse par l’inconfort qu’elle génère. Cet Inconfort qui empêche de s’endormir sur des certitudes et force à toujours s’interroger et interroger l’autre.
Avec le soutien de la région Franche-Comté
Petit Kursaal, en présence de Sophie Salbot, productrice, 9 novembre à 20:30.