El Gusto (Association Comtoise pour la Connaissance du Maghreb et du Monde Arabe)
Lundi 12 novembre à 20h. Salle Ory. • Film documentaire réalisé par Safinez Bousbia • Irlande, 2012, 93 min • Avec Mamad Haïder Benchaouch, Rachid Berkani, Ahmed Bernaoui.
La bonne humeur - El gusto - caractérise la musique populaire inventée au milieu des années 1920, au cœur de la Casbah d’Alger, par le grand musicien de l’époque, El Anka… El Gusto, Buena Vista Social Club algérien, raconte avec émotion et… bonne humeur, comment la musique a réuni ceux que l’Histoire a séparés il y a 50 ans.
El gusto est le premier film de Safinez Bousbia. Cette réalisatrice polyglotte de culture cosmopolite (elle est née à Alger et a vécu en Suisse, au Royaume-Uni, en Irlande, en France et aux Émirats Arabes Unis) a également écrit le scénario du film tout en endossant la fonction de productrice. C'est en 2003, à l’occasion d’un voyage de fin d'études en Algérie, que Safinez Bousbia découvre par hasard le monde des maîtres de la musique chaâbi. Touchée par les destins de ces musiciens inspirés, elle éprouve alors le besoin de partager sa découverte, et décide donc de changer radicalement de vie en pénétrant dans l’univers du cinéma.
Safinez Bousbia
Safinez Bousbia, de l’équerre à la caméra
El Gusto est le premier film de Safinez Bousbia, 30 ans, réalisatrice polyglotte de culture cosmopolite : née à Alger, elle n’y a jamais vécu, a séjourné et travaillé en Suisse, au Royaume-Uni, en Irlande, en France et aux Émirats Arabes Unis.
Après avoir étudié l’architecture à Oxford, elle enchaîne avec un Master de design à Dublin. En 2003, à l’occasion d’un voyage en Algérie, elle découvre par hasard le monde des maîtres de la musique chaâbi.
Touchée par les destins de ces musiciens inspirés, elle éprouve le besoin de partager sa découverte en portant leur histoire à l’écran. Elle change alors radicalement de vie et pénètre dans l’univers du cinéma. Safinez a écrit, produit et réalisé El Gusto. Tout en menant à terme ce projet de long-métrage, elle a formé L’Orchestre El Gusto d’Alger. Elle en est devenue la manager et a organisé ses tournées, produisant une série de concerts dans des lieux légendaires de réputation internationale : le Barbican à Londres, le Palais Omni-Sports de Paris-Bercy, le Théâtre du Gymnase à Marseille et l’Opéra d’Alger. Safinez a aussi collaboré avec Damon Albar, (le leader de Blur et Gorillaz) pour produire le premier album de l’orchestre, distribué par EMI.
El Gusto a été une grande aventure humaine pour Safinez. Les maîtres du chaâbi sont devenus sa famille au cours de ces huit années passées à voyager avec eux au pays du projet El Gusto.
Le miroir et les musiciens
Été 2003, vacances en Algérie. En se promenant dans les dédales de la Casbah d’Alger, Safinez Bousbia croise le chemin d’un miroitier, Monsieur Ferkoui. Alors qu’elle est entrée dans sa boutique pour lui acheter un petit miroir, elle découvre tout un monde disparu. Ils commencent à bavarder, il lui propose de s’asseoir et partage avec elle son histoire : célèbre musicien dans l’Algérie des années 1950, Monsieur Ferkoui fut un pionnier de la musique chaâbi.
Grâce à son récit, Safinez découvre cette musique populaire née de la rue et des cafés, imprégnée de chants berbères, andalous et religieux qui s’est imposée dans la Casbah. Monsieur Ferkioui l’a apprise au conservatoire sous la direction de son fondateur, El Anka. C’est là qu’il s’est lié d’amitié avec les autres musiciens chaâbi, juifs ou musulmans. Sur les photos qu’il montre, elle découvre leurs visages surgis du passé. Touchée par ce récit émouvant, la jeune femme décide de partir à la recherche des survivants de cette classe de musique, séparés depuis plus d’un demi-siècle.
Bien que la belle harmonie qui liait ces musiciens juifs et arabes ait été brisée par la guerre et que la musique chaâbi semble avoir sombré dans l’oubli, ils n’ont rien perdu de leurs souvenirs ni de leur passion. Grâce à leurs vivants témoignages, l’Algérie des années 50 – la plus belle époque de la Casbah – reprend vie sous nos yeux et… à nos oreilles. La musique chaâbi se révèle avec son histoire qui nous plonge au cœur de l’Histoire, ses déchirures mais aussi ses heures de bonheur et la joie qu’elle suscite, ce qu’ils appellent « el gusto ». C’est avec une grande nostalgie que les musiciens l’évoquent, tout en déambulant dans la Casbah pour nous montrer les lieux où elle résonnait sans cesse, si profondément conviviale. Violons, mandolines et ouds s’unissaient aux chants poétiques pour faire vibrer les cœurs et danser les corps.
Mais la mémoire ne suffisait pas et ces grands musiciens méritaient que leur musique revienne véritablement à la vie. C’est pour cela que Safinez leur a proposé de se retrouver à Marseille, pour ce qui devait être un ultime concert et qui, finalement, est devenu le premier d’une nouvelle série. Il a fallu deux années pour rassembler les quarante musiciens de l’orchestre de la première classe de musique chaâbi du conservatoire d’Alger, éparpillés sur les deux rives de la Méditerranée. Ensemble, ils sont remontés sur scène, les « papys du chaâbi » pour un concert longtemps attendu qui les plonge dans leur passé commun, si vivant et si présent dans leurs cœurs malgré le temps écoulé.
Un petit miroir mais une grande aventure et une belle rencontre, qui a changé leur vie et celle de la réalisatrice, à tout jamais.
Association Comtoise pour la Connaissance du Maghreb et du Monde Arabe (ACCMMA)
L’ACCMMA a été fondée le 12 janvier 1990. Elle a « pour but de faire connaître la culture arabo-musulmane (tout particulièrement maghrébine) par la diffusion de documents à caractère culturel, par l’organisation de conférences et d’expositions, et par la préparation, réalisation et participation à des voyages d’études dans las pays concernés» (article 2 des statuts).
Dans le passé, l’ACCMMA a proposé des conférences sur l’islam, la culture arabe… des visites à l’IMA (Institut du Monde Arabe) et réalisé des voyages dans plusieurs pays du Monde Arabe (Algérie, Jordanie, Libye, Oman…). Plus récemment (en 2008 et 2009), elle a organisé des voyages en Palestine et Israël et participe au « Collectif Palestine » de Besançon.
En 2011, elle a organisé des conférences sur « la question religieuse au Proche-Orient » ainsi qu'une table ronde sur « les révolutions dans le Monde Arabe ». Elle avait prévu d’organiser un voyage de découverte de la Libye… qui a dù être repoussé, puis elle a envisagé un voyage en Tunisie post-révolutionnaire, lui aussi repoussé.
ACCMMA
Maison de quartier Nelson Mandela13, avenue de l’Île-de-France
25000 Besançon