Rencontre avec Léonora Miano
Léonora Miano est née en 1973 à Douala, au Cameroun. C'est dans cette ville qu'elle passe son enfance et son adolescence, avant de s'envoler pour la France, en 1991, afin d'y entamer des études universitaires. Inscrite en Lettres, Langues et Civilisations étrangères à Valenciennes puis à Nanterre, elle se spécialise en littérature américaine et du Commonwealth.
Élevée par de grands lecteurs – une mère professeur d'anglais et un père pharmacien – Miano a très tôt accès à la riche bibliothèque parentale, où elle est libre de choisir ses lectures. Comme c'est souvent le cas, la passion de lire engendrera chez elle le goût de l'écriture, qu'elle développera dès l'enfance, en écrivant ses premières poésies à l'âge de huit ans.
La découverte du Cahier d'un retour au pays natal d'Aimé Césaire à l'âge de 12 ans, et celle, deux ans plus tard, de La prochaine fois, le feu de James Baldwin, signeront le basculement de l'adolescente dans ce que l'écrivain appelle le chaudron afro-diasporique. Dès lors, elle recherche les textes des auteurs afro-descendants. Étonnamment absents de l'abondante bibliothèque familiale, ces derniers lui apparaissent comme un territoire caché, presque interdit. Leur parole lui semble à la fois transgressive et porteuse d'outils de compréhension de soi-même.
La littérature de Léonora Miano est travaillée par des thématiques liées aux expériences subsahariennes et afrodescendantes. À travers des personnages dont elle souhaite faire saillir l'individualité, l'auteur interroge l'impact de la grande Histoire sur la petite. Pour Léonora Miano, il est primordial de s'intéresser à l'intimité de populations souvent envisagées de l'extérieur, vues essentiellement par le biais du corps ou du mouvement.
Son œuvre, constituée à ce jour de six romans et de deux recueils de textes courts, vise également à resituer les peuples subsahariens et afrodescendants dans la globalité de l'expérience humaine. Chacun peut s'identifier aux tribulations intimes de ses personnages, s'approprier leur voix.
Dans cette optique, Léonora Miano a écrit un répertoire de chansons en français, intitulé Sankofa Cry, dans lequel elle explore les émotions des premiers subsahariens déportés pendant la Traite transatlatique. L'axe émotionnel choisi pour ces chansons, qu'elle interprète elle-même, restitue leur humanité aux déportés, et inclut l'auditeur, d'où qu'il vienne, dans un moment particulier de l'histoire humaine.
Présidente de Mahogany, association ayant pour but de valoriser les expériences subsahariennes et afrodescendantes. Mahogany se veut un espace au sein duquel ces cultures dialogueraient entre elles, autant qu'un outil pour les rendre accessibles au plus grand nombre. Les visées de l'association sont éducatives et culturelles.
Bibliographie
Écrits pour la parole I & II, textes pour la scène, L'Arche Éditeur, 2012
Ces âmes chagrines, roman, Plon, 2011
Blues pour Élise, roman, Plon, 2010
Les aubes écarlates, roman, Plon, 2009
Soulfood équatoriale, non fiction créative, Nil (collection Exquis d'écrivains), 2009
Tels des astres éteints, roman, Plon, 2008
Afropean soul et autres nouvelles, nouvelles, Flammarion (collection Etonnants classiques), 2008
Contours du jour qui vient, roman, Plon, 2006
L'intérieur de la nuit, roman, Plon, 2005
Revues et ouvrages collectifs
Couleurs de l'amour, in Sale Race, Revue Ravages, été 2011
Retour à l'origine, in Nouvelles du bout du monde, Hoebeke, 2011
Mpodol, in Afrique en toutes indépendances, Revue Riveneuve et Continents, numéro 11, Printemps 2010.
Théologie de l'incarnation, in Harlem Heritage : mémoire et renaissance, Revue Riveneuve et Continents, hors série automne-hiver 2008-2009
Conférences
Habiter la frontière, mars 2009, Université de Copenhague
Écrire le Blues, novembre 2009, University of Rochester
Suite africaine, novembre 2009, Case Western Reserve University
Discovering Afropea, novembre 2009, Furman University
Lire enfin les auteurs subsahariens, octobre 2010, University of Michigan Ann Arbor/Michigan State University
Les noires réalités de la France, avril 2011, University of California, Los Angeles
Afrodescendants en France : projections et représentations, juillet 2011, Foire Littéraire Internationale du Tocantins
Passés sous silence : les enfants cachés de Marianne, décembre 2011, Université du Temps Libre de Guer
Distinctions
Pour l'ensemble de son œuvre, Léonora Miano est lauréate du Grand Prix Littéraire de l'Afrique noire en 2012
Pour Les aubes écarlates : Trophée des arts afro-caribéens (catégorie roman) 2010
Pour Soulfood équatoriale : Prix Eugénie Brazier (catégorie coup de coeur) 2009
Pour Contours du jour qui vient : Prix Goncourt des lycéens 2006
Pour L'intérieur de la nuit : Révélation de la forêt des livres 2005, Prix Louis Guilloux 2006, Prix René Fallet 2006, Prix Montalembert du 1er roman de femme 2006, Prix Bernard Palissy 2006, Prix de l'Excellence camerounaise 2007, Prix Grinzane Cavour 2008 (catégorie 1er roman étranger), pour la traduction italienne du texte. Ce roman est inscrit au programme officiel des lycées camerounais.