Rencontre avec Marguerite Carbonare
Jeudi 15 novembre à 20h. Salle Risset.
Fracture et souffle de vie
Le livre, autobiographique, a comme point de départ la fracture d’un bras qui amène l’auteur à découvrir une fracture plus profonde : celle de son couple, onde de choc de la grande fracture du génocide rwandais. Ce sont des chroniques personnelles qui interrogent : comment vivre à côté d’un mari qui veut changer le monde en se battant contre de nombreux obstacles ? Comment accepter qu’il y a un prix à payer soi-même, mais aussi un prix que l’on fait payer à d’autres ?
Des chroniques qui décrivent un même combat contre l’injustice et la pauvreté, son mari avec les pay- sans africains, et elle avec ses élèves. Des combats personnels mais qui rejoignent les grands combats de notre époque. Des fractures, mais aussi les moments bénis où le « ciel » se dégage pour donner un coup au destin. Des chroniques enfin qui révèlent des pays comme l’Algérie, le Sénégal, le Bénin, le Rwanda, pleins de potentialités et de richesses. C’est donc une histoire personnelle qui s’inscrit dans la grande Histoire des fractures de notre époque, celles de la décolonisation, de la guerre d’Algérie et du génocide rwandais de 1994. Des fractures, mais un souffle de vie qui permet d’espérer.
Jean Carbonare, Ensemble se remttere debout
Sept chapitres, cinq pays et deux continents : ce récit retrace une belle histoire d’amitié et de solidarité, le récit d’un homme qui traque avec d’autres hommes l’injustice et la pauvreté qui les humilient. Jean Carbonare a laissé à son épouse Marguerite le soin d’écrire ce livre.
Son humour, sa foi et son énergie font oublier la souffrance qui est à l’origine de sa rage de vivre et de changer les choses. Il voulait mettre debout les hommes qui avaient perdu leur dignité car il savait ce que signifie « perdre sa dignité ».
Cet ouvrage montre qu’il est possible de changer le cours de l’histoire des pauvres : en Algérie – à peine sortie de guerre – où le désert peut reverdir, au Sénégal écrasé par la grande sécheresse sahélienne de 1973, … ou au Rwanda dans les cendres du génocide des Tutsis de 1994 où des logements pour veuves peuvent les réconcilier avec la vie.
Jean a découvert, dès 1993, la préparation du génocide des Tutsis au Rwanda – un an avant qu’il n’ait lieu ! Il l’a nommé et l’a dénoncé à la face du monde et, hélas, il a assisté à son exécution en 1994, dans l’indifférence et même la complicité de certaines autorités de son pays. Il n’a jamais cessé de dénoncer l’inavouable.
La vie de Jean Carbonare a été plus vaste que ses écrits. Une vie comme une préface : il voulait toujours avoir vingt ans de moins.
Préface par Ezéchias Rwabuhihi et postface par Stéphane Hessel
Marguerite Carbonare
Née en 1936 dans une famille protestante, Marguerite Carbonare poursuit des études de lettres classiques à Besançon et Grenoble, et part avec son mari Jean Carbonare, en Algérie, où elle sera professeur de français de 1961 à 1975, puis au Sénégal de 1975 à 1987. Elle enseignera bénévolement quelques mois au lycée de Kigali, après le génocide. Tout au long de ces années africaines, elle accompagne son mari dans des combats exaltants, mais parfois difficiles, contre la pauvreté et pour la justice. Elle vit actuellement à Dieulefit, dans la Drôme.