Case Départ
Avec le Ciné-club du centre Nelson Mandela • Vendredi 16 novembre à 20h. Centre Nelson Mandela. • Réalisé par Thomas Ngijol, Fabrice Eboué, Lionel Steketee • France, 2011, 94 min • Avec Fabrice Eboué, Thomas Ngijol, Stefi Celma.
Demi-frères, Joël et Régis n’ont en commun que leur père qu’ils connaissent à peine. Joël est au chômage et pas vraiment dégourdi. La France, « pays raciste » selon lui, est la cause de tous ses échecs et être noir est l’excuse permanente qu’il a trouvée pour ne pas chercher du travail ou encore payer son ticket de bus.
Régis est de son côté totalement intégré. Tant et si bien, qu’il renie totalement sa moitié noire et ne supporte pas qu’on fasse référence à ses origines. Délinquance et immigration vont de pair si l’on en croit ses paroles.
Réclamés au chevet de leur père mourant aux Antilles, ils reçoivent pour tout héritage l’acte d’affranchissement qui a rendu la liberté à leurs ancêtres esclaves, document qui se transmet de génération en génération.
Faisant peu de cas de la richesse symbolique de ce document, ils le déchirent.
Décidée à les punir pour le geste qu’ils viennent de faire, une mystérieuse vieille tante qui les observait depuis leur arrivée aux Antilles décide de leur faire remonter le temps, en pleine période esclavagiste !
Parachutés en 1780, ils seront vendus au marché comme esclaves. Les deux frères vont alors devoir s’unir, non seulement pour s’évader de la plantation mais aussi pour trouver le moyen de rentrer chez eux, au XXIè siècle.
Critiques
Avec Case Départ, l'équipe du film a souhaité faire rire, mais aussi faire réfléchir le spectateur. « J’espère que les gens comprendront notre message, qu’il ne s’agit pas d’une comédie sur l’esclavage mais sur l’insertion, sur le racisme, sur l’état actuel des choses. J’aimerais qu’ils ressortent de la salle en se disant qu’ils ne sont pas juste allés voir une comédie pour se marrer. Qu’il y ait un peu une réflexion quand même », confie Lionel Steketee.
Parce que Case Départ parle d'un sujet sensible, il était important pour les scénaristes de prendre des pincettes, d'où l'idée d'un retour en arrière qui fait office de miroir au présent. Fabrice Eboué revient sur ce choix : « Le sujet est tellement sensible aujourd’hui que si nous l’avions traité autrement que par le biais de ce retour dans le passé, nous n’aurions pas réussi à aboutir le propos. C’est en remontant dans le passé et en montrant le chemin accompli depuis trois cents ans que ce film prend toute sa portée. Il faut arrêter de se laisser manipuler par les extrêmes qui n’attendent que la haine d’un côté ou de l’autre parce qu’ils ne vivent que de ça. L’histoire dessine une trajectoire sur laquelle nous sommes déjà bien avancés mais qu’il faut poursuivre. Le film parle vraiment de notre époque, mais il en parle d’autant mieux que c’est abordé par comparaison directe avec le passé. »
Le tournage a duré 44 jours et s'est déroulé entre Paris et Cuba. Au départ, les réalisateurs souhaitaient tourner en Martinique, mais la population était très réticente, en partie à cause du lien complexe qu'elle entretient avec l'histoire de l'esclavage.
Pour créer les personnages de Case Départ, Thomas Ngijol et Fabrice Eboué se sont servis de leur expérience et de leur environnement. « Fabrice et moi avons côtoyé des gens qui ressemblent à Régis et Joël. Bien sûr, pour le film, nous sommes allés chercher en eux ce qu’il y avait de plus fort – chez Régis, cette volonté d’intégration quitte à faire preuve de discrimination, et chez Joël, cette habitude de se plaindre, de prétendre que la France est raciste, la France ceci, la France cela… On en connaît, ils existent. Pour construire les deux personnages, nous avons concentré tout ce dont nous avons pu être témoins, partout. Cela s’est fait naturellement », raconte Thomas Ngijol.
Thomas Ngijol et Fabrice Eboué ont toujours su quels personnages ils interprèteraient. Pendant toute la phase d'écriture, les personnages portaient même le nom des deux auteurs. Ce n'est que quelques jours avant le début du tournage, qu'ils ont changé les noms.
Bien que Case Départ ne soit pas un film historique, l'équipe a souhaité réaliser un film cohérent. « Nous ne prétendons bien évidemment pas faire un film d’historiens, mais nous avons voulu rencontrer une historienne pour éviter les erreurs, être cohérents », assure Fabrice Eboué.
Un des thèmes importants du film est l'héritage culturel. Selon Fabrice Eboué, « le film dit aussi qu’il ne faut pas oublier nos racines, Case Départ n’est pas un film sur l’esclavage, c’est un film sur l’identité. »
Fabrice Éboué
Né à Maisons-Alfort, d'un père camerounais et d'une mère française, Fabrice Éboué fait partie du groupe de rap Club Splifton, produit par Aelpéacha.
Depuis 2000, il se produit sur diverses scènes parisiennes. En 2005, il joue le rôle d'un curé fou dans un court-métrage de Francis Lalanne, aux côtés de Jean-Pierre Castaldi et de Christian Décamps.
De septembre 2006 et jusqu'à l'arrêt du programme, en juillet 2008, il participe à T'empêches tout le monde de dormir, l'émission de Marc-Olivier Fogiel sur M6.
Depuis 2008, il officie régulièrement en tant que chroniqueur dans On va s'gêner, l'émission de Laurent Ruquier sur Europe 1.
Lors de l'ouverture du théâtre Comedy Club, en avril 2008, Thomas N'Gijol et Fabrice Éboué ont inauguré cette nouvelle scène.
En mars 2009, l'humoriste a été élu « Macho d'Argent » par Les Chiennes de Garde.
Thomas N'gijol
Thomas N'gijol (né le 30 octobre 1978 à Paris) est un humoriste et un acteur français, d'origine camerounaise. Spécialiste du stand-up, il s'est fait connaître du grand public au sein du Jamel Comedy Club.
Il a grandi à Maisons-Alfort. Dans les années 2000, il travaille dans une école primaire comme animateur. Il rencontre ensuite Dieudonné en participant aux cours de café-théâtre donnés au Théâtre de la Main d'Or à Paris.
Il est remarqué lors du festival Juste pour Rire de Nantes avec un hommage particulier à Richard Pryor. Il joue ensuite quelque temps au Moloko à Paris. Il a écrit un one-man-show intitulé Bienvenue, qu'il a joué dans de petites salles parisiennes avant de se faire remarquer par Kader Aoun. Ce dernier lui ouvrira les portes du Jamel Comedy Club. Il sera à l'affiche d'une comédie produite et réalisée par Alex Alabaz, du collectif Kourtrajmé, Les Abyssiens. Il s'est également fait connaître à la télévision sur Canal+, dans l'émission Le Grand Journal, avec une rubrique quotidienne pendant deux saisons (2006-2008). Ses sketches les plus connus sont Un Superman noir !, Les jeux olympiques d'hiver ? et Mon retour du Cameroun !
À l'occasion du festival de Cannes 2012, il est nommé parrain du Prix de la Jeunesse.