Daniel Bobillier – Architecture du Maroc
J'ai choisi de présenter des photos se rapportant à l'architecture au Maroc et par la même à l'urbanisme parce que j'ai relevé que ces sujets étaient peu traités dans les expo, les reportages… eu égard à l'importance (41% sur 1 milliard) et au développement rapide de la population urbaine africaine. Les enjeux urbanistiques et d'habitat y sont donc majeurs. Parce qu’aussi, puisque photographier c'est montrer ce que l'on voit, ne montrer que du pittoresque, c'est ne voir que du pittoresque et je ne suis pas « confortable » avec ça, il y a une ambiguïté… on peut ainsi entretenir des stéréotypes ou des visions un peu trop univoques de la réalité.
J'ai voulu montrer dans ma sélection que le Maroc, c'est aussi des beaux bâtiments, des belles villes « non impériales ». La première fois que je suis allé à Casablanca, c'était en 2002, je n'ai pas arrêté de photographier des bâtiments. J'avais un peu l'impression que du temps du « protectorat », les architectes et urbanistes français avaient réalisé là bas ce qu'ils n'avaient pu que modestement réaliser en France entre les années 1920 et 1940 à l'instar du quartier Gratte-Ciel à Villeurbanne : créer de nouvelles centralités urbaines, avec des nouveaux immeubles stylés en béton (style art-déco à Casa, ou gratte ciel du peuple à Villeurbanne…). Dans les pays en développement, les nouvelles démarches architecturales et urbanistiques s'imposent beaucoup plus vite et avec plus d'intensité que dans les pays déjà développés. C'est je crois le cas au Maroc. J'ai aussi voulu montrer que l'architecture… c'est de l'histoire contemporaine, que c’est de la pierre ou de la roche reconstituée, des matériaux, de la peinture, des vitrages, des technologies et de l'histoire de ces technologies, et que c’est très vivant.
Daniel Bobillier
J’ai commencé à voyager en 2001 dans les hôtels club avec mon fils alors enfant. Quoique cette affirmation n'est peu être pas tout à fait juste, tout en restant en France par mes fréquentations, j'avais déjà voyagé en Côte d'Ivoire. J'avais envie de voir ce pays mais après la tentative de coup d’État de septembre 2002 qui n'a pris fin qu'en 2011, elles m'ont conseillé de reporter.
En voyage, j’aime parcourir les villes et les montagnes à pieds. Dans les villes, j'essaie de voir tous les types de quartiers. Je crois qu'outre son intérêt mémoriel, artistique… la pratique de la photographie force à l'observation et par la même, à un début de compréhension des choses. Beaucoup de mes photos se rapportent à cette démarche. De fait, elles ne sont pas forcément belles, elles sont même souvent banales.
Dans la photo, il y a aussi le désir tout simple de montrer ce que l'on voit pour le remontrer ensuite ou pour le conserver. Je suis donc très content d'avoir été retenu dans le cadre de l'expo photos de « Lumières d'Afrique 2012 ».
J’ai beaucoup voyagé au Maroc depuis 2002, j’aime beaucoup ce pays et ses habitants. J’y ai voyagé seul mais on n’est jamais tout à fait seul là-bas, on rencontre toujours des gens avec qui discuter qui s’intéressent à vous, qui sont curieux… et comme je le suis aussi.