Bruxelles-Kigali
Dimanche 10 novembre à 16 h. Petit Kursaal.
Réalisé par Marie-France Collard • Rwanda, 2012, 113 min.
En novembre 2009, la Cour d’Assises de Bruxelles jugeait Ephrem Nkezabera, banquier et dirigeant des milices extrémistes, fer de lance du génocide des Tutsi et du massacre des opposants politiques Hutu au Rwanda en 1994…
Un film fort sur le procès d’un génocidaire rwandais, avec des témoignages de rescapés vivant en Belgique. D’avril à juillet 1994, le génocide des Tutsis et le massacre des opposants hutus a fait entre 800 000 et un million de morts.
Aujourd’hui, des centaines de personnes suspectées de crime de génocide vivent en liberté dans de nombreux pays. La plupart ne seront sans doute jamais ni arrêtées, ni jugées. Car ce ne sont pas uniquement les victimes, mais aussi les bourreaux qui ont fui en masse, fin juin 1994, et qui ont obtenu l’asile. En Belgique, la détermination des victimes et de leurs avocats a finalement abouti à la tenue de trois procès. Ce qui représentait pour les victimes et leurs proches la perspective d’une possible reconstruction. Bruxelles-Kigali est le film d’un de ces procès, celui d’Ephrem Nkezabera, un dirigeant des milices extrémistes hutu – les Interahamwé, principaux responsables du génocide. Le procès s’est tenu en novembre 2009, durant un mois, malgré l’absence de l’accusé pour raisons médicales. Mais il avouera ses actes, contestant uniquement le viol des femmes. Le fil narratif du film suit l’action judiciaire, et rend compte des principales étapes de ce procès. Les débats ont pu exceptionnellement être filmés. À la lumière de ceux-ci, des rescapés et proches de victimes s’expriment sur leur ressenti 15 ans après le génocide, avec ces questions : au-delà de la souffrance qui ne s’éteindra jamais, le deuil est-il possible ? Et où en sont la réparation et la justice alors que le TPIR (Tribunal Pénal International pour le Rwanda) aura bientôt clôturé ses travaux et que victimes et bourreaux se croisent régulièrement, en Belgique et dans d’autres pays européens ? Ce film est donc aussi un documentaire d’investigation sur la cohabitation en Belgique, en France et au Rwanda, entre anciens génocidaires et rescapés rwandais. Quels sont les mécanismes et les réseaux qui permettent à certains coupables avérés (une liste a été publiée par Interpol) de vivre chez nous en toute impunité ? Quels sont les parcours de ces rescapés pour obtenir justice et faire aboutir leurs plaintes ? En dehors du Rwanda, six pays ont, à ce jour, jugé des personnes impliquées dans le génocide des Tutsis : la Suisse, la Belgique, les Pays-Bas, le Canada, la Finlande et l’Allemagne. Le TPIR clôture ses travaux fin 2014. Un peu plus de 70 affaires y auront été traitées sans aucune réparation pour les victimes.
Marie-France Collard
Marie-France Collard est documentariste, performer, femme de théâtre. Depuis 1990, elle est membre du Groupov, collectif belge d’artistes de différentes disciplines (théâtre, vidéo, écriture, musique, etc.) et différentes nationalités, qui pendant un temps a orienté ses recherches sur « la question de la vérité » et a entrepris le projet Rwanda 94 dont Marie-France Collard est co-auteur. Depuis plus de 20 ans, cette artiste protéiforme tisse une œuvre qui touche à tous les thèmes fondamentaux de notre temps.