Bertrand Lardier • Bénin
Le tata somba • Bénin
Bertrand Lardier vit à Marnay (70). Architecte depuis 2002, il a créé son agence à Gray en 2003.
Il s’agit de photos de tata somba, habitat unique au monde que l’on ne retrouve qu’au nord-ouest du Bénin et dans sa partie frontalière avec le Togo. C’est une construction traditionnelle à des fins de protection, de résistance contre les ennemis et les bêtes sauvages. Le tata dispose d’un rez- de-chaussée et d’un niveau supérieur où l’on retrouve des habitations et des greniers à provisions. L’étage permet de se protéger contre des fauves en même temps qu’il permet de voir venir l’ennemi et se préparer à l’affronter. Des cachettes y sont d’ailleurs aménagées, avec des orifices dans le mur pour les attaques. Un hall est aussi prévu pour la sécurité des animaux domestiques. Aussi bien les chambres que les greniers sont constitués de tourelles coniques coiffées de paille et reliées par un mur. Les terrasses des tatas somba disposent d’orifices pour l’aération et l’évacuation. L’entrée des tatas est si petite qu’il faut se baisser ou ramper pour les franchir. Les tatas sont flanqués sur leurs seuils de petits autels. Chaque membre de la famille a le sien et l’ensemble est voué au culte d’une divinité vaudou. Crânes et ossements, plumes ou épis de maïs séchés, ornent ces constructions qui reçoivent souvent des liquides sacrificiels. La porte d’entrée des tatas est toujours orientée vers la direction ouest qui constitue selon leur tradition, le côté de la vie. Chaque tata est conçu à l’image d’un être vivant, partagé entre ombre et lumière, entre les sexes masculin et féminin. Le tata est un symbole de fertilité et de fécondité que les femmes honorent en décorant les façades de sillons creusés du bout des doigts dans l’argile fraîche.